Tout est refait, reconstruit en studio et parfaitement authentique. Une seule raison à cela sans doute, qui se transmet au spectateur au fur et à mesure du film. Tout a été parfaitement imprimé par la mémoire du cinéaste, mémoire mentale comme physique. Toute cette violence désespérante, ou pire, créatrice d'espoirs délirants (pour les enfants, en particulier). Cette violence qui se propage en écho entre femmes, enfants, hommes et dont les transmetteurs s'appellent les gardiens (comment ne pas penser à la loi et aux règles des camps russes, faite et érigées par des bandits) et l'État militaire. À aucun moment Güney n'a besoin du spectaculaire pour un quelconque propos. Reconstituer simplement les faits, cette zone morte d'un état morbide qui ne traite les problèmes qu'en les écrasant à coup de matraque, qu'en les niant et en les multipliant à l'infini, sans un recours à la compassion, sans parler de compréhension et encore moins de pardon.