Les prisons turques -que le réalisateur connait pour les avoir fréquentées- ont une sale réputation et trouvent ici une illustration particulièrement édifiante et âpre.
Ylmaz Güney dénonce, d'après des faits vécus, l'existence et le traitement réservé aux détenus des prisons sous la dictature militaire turque. S'il jette un oeil dans le quartier des femmes, s'il invoque le sort des prisonniers politiques -qui, sans doute, auraient pu faire les sujets d'un film à part- le réalisateur investit, pour l'essentiel de son récit, le dortoir 4, celui dévolu aux adolescents et aux enfants, orphelins pour beaucoup, livrés à eux-mêmes et encore plus à la maltraitance des gardiens.
Ce n'est pas tant, ou pas seulement, l'enfermement et le dénuement dont témoignent les personnages au quotidien que les bastonnades et les sévices qui leur sont infligés par des géôliers fascistes. Ce mépris de l'humain dans les prisons turques confine à l'inexplicable.
Tourné en France, avec pour comédiens -convaincants- des immigrés et réfugiés politiques, le film, dixit le cinéaste, avait pour vocation d'alerter le monde entier sur les conditions carcérales en Turquie. Sans doute le réalisateur a-t-il atteint son but, tant la brutalité du contenu du film et de sa forme, tant le sadisme dont il affuble l'administration pénitentiaire décrivent un univers impitoyable et révoltant.