Un pilote, héros de la Seconde Guerre Mondiale, travaille pour le patron d'une usine de construction d'avions, dans le but d'arriver à Mach 1 une fois dans le ciel, soit 340 mètres par seconde.
Avec ce film, David Lean semble lorgner vers de plus gros budgets, avec des scènes parfois spectaculaires, mais qui propose également une histoire sentimentale touchante.
Tout comme son futur Lawrence d'Arabie, Nigel Patrick joue un homme obstiné jusqu'à la folie, qui veut être le premier à atteindre Mach 1, quitte à négliger son épouse, Ann Todd, qui attend un enfant. Tout se complique quand on sait que le patron de l'usine d'avion, l'excellent Ralph Richardson, n'est autre que le père de cette dernière. Qui est indifférent ou presque à sa fille, car il semble envoyer à la mort ces pilotes sans le moindre remord. L'expérience Mach 1 est en soit très dangereuse, car elle conduit les avions à piquer au sol et donc tuer les hommes qui se trouvent dans l'habitacle.
Le mur du son évite tout sentiment patriotique, où l'origine des pilotes est à peine nommée, mais on sent bien qu'arriver Mach 1 est dans la course à l'armement de l'époque, après la guerre, et où le dernier plan est en soi visionnaire, car un autre exploit sera atteint dix-sept ans plus tard. Pour filmer ces scènes de vol, David Lean a su éviter de filmer des transparences, pour des moments que je trouve formidables, où l'illusion de l'avion tentant de dépasser Mach 1 est parfaite, jusqu'à imiter ce fameux boum quand la vitesse devient supersonique.
Le rôle que joue Ann Todd est également important, car elle est celle qui garde les pieds sur terre, qui voit le côté pragmatique de la vie, et qui est scandalisée par l'attitude de son père, et celle de son mari, pour qui rien de plus que Mach 1 ne compte. D'ailleurs, c'est peu courant dans les films anglais de cette époque qu'on voit clairement une femme s'opposer aussi violemment aux hommes, ce qui donne une certaine vigueur à l'histoire. Bien que j'aime beaucoup Le mur du son, il représente quelque part un rêve d'Icare pour ces hommes, où le rêve peut être un cauchemar, et on en aura la preuve par plusieurs fois, jusqu'à un dernier test qui donne encore aujourd'hui des sueurs froides au fur et à mesure qu'on approche Mach 1.
Bien David Lean soit un peu oublié, excepté l'arbre Lawrence d'Arabie, sa filmographie est une gigantesque forêt de plaisirs, dont celui-ci, qui est un film formidable.