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The Andromeda Strain (Robert Wise, U.S.A, 1971, 2h10)

Non loin de la frontière américaine, un petit village mexicain semble avoir souffert d’un mal étrange. En effet de nombreux cadavres jonchent les rues, le parking jouxtant l’église, ou encore un terrain de basket, sur lequel se laisse deviner la silhouette d’enfants morts sur place. Pendant que dans le ciel tournent les charognards se préparant pour un open bar inespéré.


De l’autre côté de la frontière, derrière une paire de jumelles, des scientifiques prennent notes de la situation, et décident d’aller voir sur place. C’est plus simple. Après avoir revêtu des tenues hermétiques, ils mènent l’enquête de corps en corps, avec espoir de trouver des indices.
L’un des deux relèves une anomalie sur l’un des cadavres, et décide de lui entailler les veines du poignet, pour vérifier une intuition. Son geste est payant puisque le sang qui s’écoule n’est pas liquide, mais il est réduit à de la poussière, s’écoulant comme dans un sablier. Une analogie des plus fortuite, puisque dès lors les scientifiques mènent une course contre la montre face à ce qui ressemble à un virus inconnu, laissant peu d’espoir à quiconque en est atteint.


Dans le village ils découvrent deux survivants, un vieil homme et un bébé. Ils sont bien entendu embarqués par les autorités militaires américaines, direction un laboratoire ultra high-tech, au cœur duquel une équipe de scientifique va chercher à percer le secret du virus, un microrganisme arrivé accidentellement sur terre à bord d’une sonde spatiale de la Nasa.


La majorité de l’intrigue suit ainsi quatre scientifiques confinés au plus profond de la station super futuriste, un endroit froid fait de tôle et de lumières agressives, où tout est absolument déshumanisé, dégageant une atmosphère particulièrement anxiogène. Pourtant pour une fois, tout est au point. L’armée réagit rapidement, la constitution de l’équipe scientifique, sélectionné parmi les meilleurs ne traine pas, la crise est parfaitement gérée, orchestrée de la Blanche Blanche à l’État-major, tout roule pour le mieux. Mais des mystères subsistes, tel cet organisme extra-terrestre, et les raison pour lesquelles le vieillard et le marmot sont encore en vie.


De là naît tout l’enjeu d’un film mené tambour battant, toujours sur le fil par l’expression d’une urgence constante. Car si la situation est efficacement prise en main, une inconnue se mêle à la situation, puisque si le virus était d’origine terrestre, l’équipe scientifique aurait pu rapidement percer son secret. Sauf que sa nature extra-terrestre les mènes sur de mauvaises pistes, ce qui engendre une perte de temps dont ils n’ont pas loisir.


Sorti du cerveau de Michael Crichton (‘’Westworld’’ et ‘’Jurassic Park’’ c’est lui), auteur du roman qui a inspiré le film, Il se retrouve les thématiques qui parcourent son œuvre. À savoir une science débridée lorgnant vers l’outrance, par le biais d’une technologie sur-avancée qui n’est plus là en soutient à l’humain, mais se fait omniprésente au point de devenir une évolution indispensable. Une technologie qui soulage peu à peu les cerveaux des réflexions humaines, pour les confier à des machines qui ne pensent qu’en terme de 1 et de 0.


Reprenant un peu l’atmosphère pesante de ‘’2001 : A Space Odyssey’’, ‘’The Andromeda Strain’’ met en scène des scientifiques entourés de moniteurs informatiques, ne communiquant que par écrans interposés, à la merci d’une débauche High-Tech. C’est ainsi le constat d’une humanité augmentée, impuissante face à l’inconnu, égarée dans un décorum fait de longs couloirs glaçants, avec des portes automatiques, des néons, et la voix métallique d’un ordinateur omniprésent, qui achève de rendre l’univers de ce métrage complétement déshumanisé. Ce qui est ironique puisque les scientifiques sont là pour sauver l’humanité…


Si le virus se repend, et il est plutôt bien parti pour, c’est l’humanité dans son ensemble qui est mise en péril. Reposant sur les frêles épaules de quatre scientifiques, qui ont eux aussi leurs moments de doutes et de faiblesses. Mais comme la technologie prend les devants, c’est par elle qu‘ils percent le mystère d’Andromède : la souche virale qui cristallise leurs interrogations. La technologie les guide, elle n’est plus accessoire et devient indispensable. ‘’The Andromeda Strain’’ en vient ainsi à dépasser totalement son postulat de départ, pour déplacer ses réflexions au-delà du virus, pour établir le constat d’une humanité des plus fragile, qui malgré tout le confort du monde, et sa débauche technologique à son service, reste vulnérable face aux plus minuscules des organismes.


Sans cesser d’être dans le divertissement, ça c’est un truc que Robert Wise a toujours su insuffler à son art (un souffle épique là où y’en a pas forcément) l’aventure des scientifiques qui planchent sur le virus prend des proportions énormes, avec une épée de Damoclès omniprésente, au-dessus du sort de l’Humanité toute entière.


Années 1970 obligent, le ton est au pessimisme, alors que l’Amérique traverse sa plus grande crise du XXème siècle, qui correspond avec sa victoire dans la Guerre Froide. Puisque l’U.R.S.S amorce un véritable déclin à la même période. L’ambiance au niveau mondiale est des plus délétère, avec la guerre qui frappe sur tous les continents, avec les crises qui s’accumulent un peu partout, c’est à la fois une période d’un foisonnement et la traduction d’une peur liée à un avenir des plus incertains.


Le monde bouge, les valeurs et les traditions plient, mais ne brisent pas, l’humanité se retrouve à un carrefour qui comprend parfaitement ‘’The Andromeda Strain’’, parvenant par un sous-texte des plus audacieux, à venir tirer une sonnette d’alarme face à un monde qui cour droit à sa perte. Si ce n’est pas le virus d’Andromède qui éteint l’humanité, ce sera elle toute seule, avec un suicide orchestré par les ‘’grandes instances’’ mondiales.


‘’The Andromeda Strain’’ c’est de l’entertainment de grande qualité, divertissant tout en venant questionner notre rapport à la technologie et son omniprésence progressive. Et bien que nous sommes en 1971, ce film porte en lui les problématiques d’une situation embryonnaire, n’ayant pas encore connu le grand boom technologique du XXIème siècle.


Une œuvre forte, une œuvre qui n’a rien perdu de sa pertinence, une œuvre qui près de 50 ans après sa sortie demeure magistrale, par un savant dosage entre thriller S-F et anticipation pessimiste. Un grand film fantastique réaliste et convaincant comme il en existe finalement assez peu. Robert Wise adapte ainsi avec une grande intelligence les écrits de Michael Crichton, en délivrant une œuvre importante des plus visionnaires.


Ha oui et : ‘’Humanity is Doomed’’.


-Stork._

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le 21 mars 2020

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