Le risque du formalisme
En cultivant joliment l'aspect désuet et mécanique de son film, Podalydès court le risque du formalisme (c'est charmant, amusant et souvent très beau - voir la superbe lumière de la majorité des...
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le 9 mars 2015
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Le train emmène à vive allure le reporter Rouletabille et son ami photographe Sainclair vers les lieux où vient de se dérouler une bien étrange affaire. En effet, au château de Glautier, un individu a tenté d'assassiner dans sa chambre Mathilde la fille du célèbre professeur Stangerson. La jeune femme ne sait pas qui est l'auteur de cette tentative de meurtre et puis le fait le plus curieux aux yeux de tous est que cette fameuse chambre jaune est restée fermée de l'intérieur. De quelle manière l'agresseur a-t-il pu sortir de la pièce?
C'est ce que tente d'élucider l'inspecteur Larsan aussitôt sur place afin de mener l'enquête. Ses soupçons ne tardent pas à se porter sur le fiancé de Mathilde, un dénommé Darzac. Toutefois cette drôle d'affaire pourrait bien réserver quelques surprises à nos braves enquêteurs...
Il a souvent été remarqué que Bruno Podalydès avait réalisé ce film en utilisant un style propre aux bandes dessinées. Il est vrai que l 'atmosphère un peu surannée du fameux roman de Gaston Leroux ressort à merveille à l'image des aventures de "Tintin". On connaît pour sûr l'intrigue par cœur, toutefois dans cette réalisation celle-ci arrive tout de même à nous tenir en haleine. Il règne au château de Glautier un climat étouffant et suspicieux où chacun devient inquiétant . Toutefois des gags en série viennent avec beaucoup d'à-propos contrecarrer cette ambiance troublante et malsaine.
Les héros ne sont pas de super héros car ils sont gentils, maladroits, naïfs ou déconnectés des réalités et un peu déjantés tel le professeur Tournesol. Ce petit monde s'agite, conspire puis, comme par enchantement, une situation cocasse et inattendue parvient à nous entraîner vers un final que nous connaissons tous mais dont les méandres pour y arriver nous surprennent par leurs astuces et leur ingéniosité. Par le climat que dégage ce film, on ne peut que se laisser aller au rythme de l'insouciance du rêve et de l'aventure tel que **Hergé, maître en la matière, nous comblait.
Bruno Podalydès est un maître en temps qu'originalité et trouvailles dans ses différentes réalisations et celle-ci n'échappe pas à la règle. Après un générique montrant un adorable et inattendu petit train miniature nous emmenant sur les lieux du forfait, nous voici instantanément plongés dans cette intrigue ne comportant aucun temps mort. Bien sûr on apprécie cette mise en scène faussement vieillotte, rendant à merveille cette ambiance des romans populaire tels que nous régalait Gaston Leroux. Les personnages fort bien campés respirent la fantaisie et l'entrain grâce à des interprètes rompus à ce style parfois grave, burlesque et souvent outrancier. Le duo Denis Podalydès et Jean-Noël Brouté fonctionne à merveille l'un enquêteur rusé et l'autre gaffeur invétéré et se complétant malgré tout comme des larrons en foire. [Pierre Arditi]5, interprétant l'inspecteur Larsan, nous intrigue et nous captive du début à la fin, tout comme Sabine Azéma très "théâtrale" dans son rôle de victime et Claude Rich en juge d'instruction strict, sévère et assez détestable. Signalons également les excellentes prestations de Michael Lonsdale le père de Mathilde et de d'Olivier Gourmet, le pauvre amant sur lequel tous les soupçons reposent.
C'est dans un bain de jouvence que nous entraîne Bruno Podalydès, réalisateur-acteur pétri de talent. Ce film sent bon nos jeunes années des séance de cinéma de quartier du samedi soir ou nos feuilletons radiophoniques écoutés religieusement le soir après le dîner. De ce fait, il ne reste plus qu'à jouer à vous faire une petite frayeur en goûtant cette enquête policière très attachante.
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Créée
le 2 mars 2014
Modifiée
le 1 mars 2014
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