Tout commence comme une chronique de l'enfance, à l'image des Enfants de la Mer. Cet été où l'on grandit un peu, où les sentiments naissent envers une assistante dentaire étrange aux charmes opulents, où l'on fait de belles rencontres.
Un été dans une campagne péri-urbaine où bientôt, de drôles d'animaux apparaissent : dodus, se dandinant, avec des petits yeux noirs remplis de malice et de surprise, la même remplissant les yeux de ceux qui assistent à leur sympathique invasion.
Un mystère à résoudre et l'on pense immédiatement, à la dynamique d'une oeuvre comme Detective Conan, avec sa grosse tête parfois un peu énervante, mais futée et qui n'a pas le comportement que l'on attend d'un enfant. Et on se jette dans les pas du petit groupe sur la piste de ces animaux gauches et atypiques. Et à ce mystère, le film ajoute un argument de la plus pure science fiction, tout d'abord en usant d'un ton drolatique et très plaisant, effleurant le loufdingue débridé, qui nous fait nous demander où Hiroyasu Ishida va bien pouvoir nous emmener. Et le spectateur de s'immerger totalement dans l'enquête menée. Aux résonances profondément humaines, attachantes et, pour tout dire, émouvantes dans une dernière ligne droite qui rappelle, elle aussi, la réussite des Enfants de la Mer.
Mais là où ce dernier parlait à l'intellect et aux sensations, avec une puissance folle culminant dans un ballet méta en forme de feu d'artifice, Le Mystère des Pingouins parle avant tout au coeur. Car s'il renverse la perception de son univers avec un savoir faire brillant, le film n'en oublie pas pour autant de causer avec une tendresse qui fait chaud au coeur de l'enfance de son petits héros dans son quotidien, dans ses rêves, ses attachements et ses attirances les plus triviales.
Achevant de convaincre le spectateur et de le rallier à sa cause, alors même que celui-ci se sera sans doute déjà laissé conquérir par la douce folie euphorisante d'une l'intrigue haut perchée, l'argument fantastique qui enthousiasme par son approche d'une simplicité désarmante, ou encore cette très belle complicité qui est tissée avec art entre son petit héros et sa muse.
Son nom demeurera inconnu, comme toute illustration faite femme de tout ce qui peut agiter un jeune coeur amoureux pour la première fois, faisant un contrepoint parfait avec l'aspect froid de la science ou l'intelligence de Aoyama et son regard détaché qu'il porte sur son entourage. Ce qui se passe entre ces deux-là relève d'un envoutement, tandis que les émotions suscitées par le film sont aussi belles qu'un premier amour.
Lumineux, contagieux, fou, éperdu, d'une justesse ébouriffante, Le Mystère des Pingouins continuera à coup sûr à planer dans l'esprit du spectateur longtemps après la fin de la séance.
Behind_the_Mask, qui n'est pas sûr que les Japonais ne boivent que de l'eau.