On reste sur sa faim...

Voilà, je sors de la salle. C'était un bon moment, presque deux heures dans un univers qui avait tout pour me plaire, l'univers des livres, la littérature, le mystère, une enquête, Camille Cottin, F. Lucchini, et le souvenir du livre de Foenkinos lu à sa sortie, mais un peu oublié en fait... J'attendais donc de me faire à nouveau happer dans une histoire (que je ne vais pas résumer, cela est déjà largement fait), souvenir agréable d'une bonne lecture. Au début, ça fonctionne, les lieux, les personnages, le choix des acteurs, la photographie et la réalisation plutôt à mon goût. Et puis très vite, on se prend des envies de réalisation plus incisive, plus efficace, plus impertinente. Ce "polar" littéraire a tous les ingrédients nécessaires à un traitement iconoclaste. Il est propice à un regard critique sur le monde de la littérature, ses critiques, ses émissions dédiées, ses maisons d'édition plus préoccupées de marketing et de bénéfice que de promotion du talent d'écrivains, les copinages... Très vite on a le sentiment d'occasions ratées, de répliques faiblardes, de scènes où auraient pu apparaître quelques "vrais" écrivains, des scènes parodiques, où simplement drôles. Seule, la courte scène de Lucchini parodiant le style de M. Duras permettait d'entrevoir tout ce qui aurait pu être et qui ne fut pas... C'est dommage vraiment, j'espérais plus drôle, plus intense, plus assassin! Le film se laisse regarder quand même, on ne s'y ennuie pas (enfin pas trop) même si certaines scènes sont ratées à mon avis, comme celle de la rencontre avec le club de lecture de Crozon, un peu caricatural, ou encore la scène de retrouvailles avec Ludmila qui manquait complètement d'émotions et aurait pu être mieux exploitée pour brouiller les pistes, ou encore celle de la lettre du pizzaïolo à sa fille qui aurait pu être un vrai bijou de drôlerie... Les pourtant talentueux Lucchini et Cottin nous offrent une performance à mon goût en demi-teinte, un peu terne. Bref un léger goût d'inachevé pour ce film dont j'attendais mieux sur un scénario léger qui s'y prêtait bien.