Après avoir brillamment mis en scène A Matter of Life and Death, une commande du gouvernement Britannique, Michael Powell et Pressburger s'intéressent, avec Le Narcisse Noir, à la différence des cultures et le choc lorsqu'elles se rencontrent.


Là où l'oeuvre est surprenante, c'est dans l'évolution des personnages et de leurs relations, avec d'un côté des nonnes anglicanes venues pour enseigner, et de l'autre un seigneur local et ses hommes, avec comme point central un palais troublant, devenant peu à peu un personnage à part entière. Peu à peu, les rapports de forces vont évoluer, les événements et pensées vont agir sur les personnages, allant parfois même jusqu'à la folie, avec les auteurs mettant aussi en avant une réflexion sur l'humain et sa complexité, ou au contraire l'humain et sa bestialité.


En plus de ces thématiques, on peut aussi apprécier une certaine réflexion sur la foi et le comportement de l'Homme, symbolisé ici par de passionnants personnages, que l'on suit au sein d'une ambiance un peu lourde, parfois proche du chaos même et toujours troublante. La gestion du rythme, des personnages, la construction du récit ou encore des réflexions sont des modèles, on se retrouve immergé au cœur de cette ambiance où aucune faille ne vient envahir le récit, bien au contraire même, avec une intensité de plus en plus forte jusqu'à un remarquable dernier acte.


L'une des forces du Narcisse Noir, c'est aussi de mêler ces réflexions et personnages avec une esthétique remarquable, que ce soit dans les décors, les merveilleux paysages ou encore les plans, bien souvent mémorables. Les auteurs jouent magnifiquement avec les couleurs et subliment le passionnant contexte qu'ils ont à leur disposition, tout comme cet imposant palais dont ils font ressortir un climat mystérieux. La photographie est superbe, alors que les comédiens sont souvent remarquables, rentrant à merveille dans des rôles compliqués, sachant véhiculer propos et émotion par le biais de simples gestes ou regards.


Michael Powell et Pressburger proposent avec Le Narcisse Noir une oeuvre forte par son propos, notamment sur la foi, l'humain ou encore le choc des cultures, sublimée par de très bons comédiens et un remarquable travail esthétique.

Docteur_Jivago
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films des années 1940

Créée

le 27 nov. 2018

Critique lue 469 fois

23 j'aime

9 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 469 fois

23
9

D'autres avis sur Le Narcisse noir

Le Narcisse noir
voiron
7

Critique de Le Narcisse noir par voiron

Cinq nonnes envoyées de Calcutta à Mopu au Népal vont connaître l’isolement et affronter leurs démons et là les couleurs qui s’opposent s’ajoutent aux refoulements et aux interdits de ces nonnes...

le 8 août 2014

51 j'aime

8

Le Narcisse noir
Sergent_Pepper
8

La Montagne sacrifiée.

Exotisme, amours impossibles et engagement font les ingrédients de ce film britannique qui ne semble pas, dans son pitch, nous promettre une grande originalité sur les terres balisées des...

le 11 avr. 2015

45 j'aime

3

Le Narcisse noir
SanFelice
8

L'attrait du vide

Un soir de Noël, complètement ivre, Dean, le cynique régisseur anglais dans ce coin reculé des Indes britanniques, rentre chez lui en chantant à tue-tête : « Je ne peux pas être nonne...

le 9 janv. 2017

31 j'aime

5

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

172 j'aime

35

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

165 j'aime

53

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

152 j'aime

34