Un réalisme poignant

Premier visionnage d'une œuvre de Béla Tarr pour moi, premier choc esthétique lié au réalisme de l'œuvre.

Ce réalisme passe par des personnages complexes, du vieux père de l'appartement contradictoire, disant une chose et son contraire, le mère rejetée qui semble se débattre, prise entre deux courants, subissant un harcèlement, et le père de famille rentrant de l'armée qui découvre, en même temps que nous, cette famille qu'il a laissé pendant plusieurs années. Cette famille, nous la voyons vivre, se disputer, dessinant les formes et les reliefs d'un pays en plein crise, ayant pour centre des discussion le logement.

Ces disputes pousseront à faire fuir la femme qui ne pourra plus trouver de logement, d'ailleurs, des scènes dans un centre d'aide social ne cesse de nous rappeler les films de Wiseman, touchant à la même justesse, touchant de la même manière la profondeur du réel, ce qui nous permet de mieux comprendre le délitement de cette société.

Enfin, ce qui semble le plus important, le temps est majeur dans notre appréciation du réel dans l'art, le temps que nous éprouvons nous permet de sentir plus réellement la vie des personnages, le temps ne cesse de nous peser dans ce film, pour le meilleur, non pour le pire, pesant mais jamais ennuyant, ce film nous plonge au plus profond du nid.