Le rire est-il ennemi de la foi ?
Co-production entre la France, l'Italie et la RFA, "Le nom de la rose" permet à notre Jean-Jacques Annaud national de s'exporter et d'adapter librement le best-seller d'Umberto Eco, avec en tête d'affiche rien de moins que James Bond en personne, pour ce qui deviendra un succès à la fois critique et publique, tout autant qu'un de ses films les plus réussi.
Sorte de thriller médiéval dans la veine d'un Conan Doyle (Guillaume de Baskerville fait forcément penser à Sherlock Holmes), "Le nom de la rose" prend appui sur un contexte historique sombre et passionnant (l'inquisition), mettant face à face la toute puissante église et une nature plus sauvage, plus libérée, forcément accusée d'être en lien avec le diable.
Par l'entremise de superbes décors et d'un casting de pures gueules dominé par le flegme et la classe de Sean Connery, Jean-Jacques Annaud nous tien sans problème en haleine pendant plus de deux heures, offrant un suspense implacable à l'atmosphère putride et macabre, saupoudré d'une touche bienvenue d'humour noir et d'un zeste d'érotisme, en témoigne la scène muy caliente du dépucelage d'un Christian Slater tout jeunot et encore puceau au moment du tournage.
Charge contre une église voyant le mal partout tout autant que récit initiatique prônant une foi bienveillante et aimante, "Le nom de la rose" est sans conteste une des plus grandes réussites de Jean-Jacques Annaud, un classique des années 80 qui conserve encore tout son charme malgré quelques longueurs, un "polar chez les moines" tendu aux doux relents satanistes.