"Le Nom de la Rose" est l'un des films qui m'ont le plus parlé. D'abord parce que j'y retrouve l'atmosphère des milieux intellectuels médiévaux que j'ai été amené à étudier, celle des scriptoria, des enjeux philosophiques de l'époque, dominés par les montagnes de gloses sous lesquelles on ensevelissait Aristote.
Ensuite, le monde clos des monastères, évoquant aussi bien un repli défensif devant la nature pas encore maîtrisée, mais également champ de retour sur l'intime, avec les errances, les folies et les labyrinthes qui surgissent lorsque l'introversion l'emporte sur la confrontation au réel concret. Ce cadre fermé est le décor idéal pour des tensions, des confrontations, des traquenards, des crimes,
En contrepoint, comme un bol d'oxygène insufflé dans un univers confiné, l'éveil de l'érotisme chez un moinillon incertain. L'ardeur investigatrice de Sean Connery achève d'introduire la luminosité de la conscience là où les passions irrationnelles se développent comme des parasites. Et la musique de James Horner, fruit d'un travail intelligent sur les rythmes et les instruments médiévaux, achève de dynamiser un récit policier pour lui donner des airs d'épopée ici et là.
Mais une oeuvre d'Umberto Eco ne se laisse point expédier en quelques formules. A chacun de nous de trouver la Rose cachée.