Il est des films dont on n'attend absolument rien au premier abord. Des films dont on repousse sans cesse la vision, craignant de n'y trouver que du vide ou un ennui poli. Mais parfois il arrive un miracle. Un arc en ciel inattendu. On rit. On pleure. On se pose des questions. On passe un bon moment. Puis on se met à douter. Et si tout cela n'était pas un peu exagéré ? Un simple enthousiasme facile dans un océan de platitude quotidienne. Une seconde séance s'impose alors, que l'on craint dix fois plus que la première, de peur cette fois de ne plus y trouver le rayon de soleil si chaleureux. "Le nom des gens" fait partie de cette catégorie de film dont je n'attendais rien et qui m'a laissé sur un nuage. Mais maintenant ?
Et bien maintenant, les défauts abondent. Les facilités, les erreurs techniques, les maladresses éclatent au grand jour. Mais vous savez quoi ? Je m'en fiche parce que je suis toujours sur ce joli petit nuage. Pendant près de deux heures, j'oublie mes soucis devant le film de Michel Leclerc, devant cette comédie douce-amère à la fois si drôle, si légère et pourtant profondément triste, émouvante quand elle s'attarde sur un passé trop longtemps enfoui, presque tenu secret.
A cette stupide question de l'identité nationale, aux clivages sociaux et politiques, "Le nom des gens " préfère hausser les épaules et aller de l'avant, pointant du doigt avec une certaine affection nos idées reçues, le sectarisme de chaque communauté, alors qu'il suffit simplement de s'ouvrir aux autres, de laisser de côté nos préjugés et de se laisser vivre.
Traversé de moments incroyablement sensuels et touchants, "Le nom des gens", malgré ses défauts évidents, est pour moi synonyme de joie et d'espoir envers l'humanité, porté par un Jacques Gamblin une fois de plus impeccable, par des seconds rôles attachants et par une Sarah Forestier hystérique, désespérante, fatigante mais avant tout solaire et attendrissante. Je vous laisse, je remonte sur mon nuage en vous laissant l'échelle si jamais l'envie vous prend d'y faire un tour.