Un vrai film de gauche...
Combien de vrais films de gauche au cours des dernières décennies ? Aucun ? Trop peu en tout cas ? Michel Leclerc, dont le patronyme explique à lui seul cette magnifique interrogation sur les noms de famille et sur les origines des Français, débouchant sur une vision décomplexée (dé-FNisée, dirons-nous) de la question des races et des cultures, et donc sur une réhabilitation des valeurs de la France (laïcité, anti-communautarisme) tellement mises à mal par les Sarkozy et consors, se pose ici en digne successeur des réalisateurs militants et pourtant rêveurs des années 70 : le bonheur qui nous emplit devant "le Nom des Gens" fait écho à celui qui nous saisissait devant les films de Tanner ou de Chantal Ackerman, celui de rêver d'une société joyeuse et juste, où imagination et fantaisie sont la meilleur expression d'une conscience politique et sociale qui nous fait bien défaut aujourd'hui. Il y a ici comme une nostalgie d'un présent qui n'est jamais advenu, mais pour lequel Michel Leclerc nous encourage mieux que personne (dans le cinéma français...) à continuer à lutter. "Le Nom des Gens" a quelque chose d'un "Amélie Poulain" de gauche, avec le même souci du détail qui fait mouche, la même allégresse du mot juste, mais au service d'une société ouverte et en continuelle évolution, sans peur des autres ni du lendemain. Il faut enfin parler de Sara Forestier, qui est le moteur à explosion du film, et qui contribue largement au ravissement qu'il inspire.