Le Nom des gens par BibliOrnitho
Arthur Martin (comme les cuisines) est un peu vétérinaire : il est spécialiste des animaux morts ; il étudie les épizooties et leur propagation. A ce titre, il intervient à la radio dans l’émission "le téléphone sonne" sur le virus H5N1 qui décime les bêtes à plumes. Mais son discours est froid, pâle, banal. Sans réellement répondre aux questions, boutant sans cesse en touche, il n'a qu'une formule aux lèvres : le sacro-saint principe de précaution.
Bahia Benmahmoud, d'origine algérienne, est une jeune femme extravertie. Militante d'extrême gauche, elle n'hésite pas à payer de sa personne pour lutter contre les fachos (comprendre : toute personne à la droite du mouvement Lutte Ouvrière... ce qui fait tout de même pas mal de monde). Elle couche en effet avec l'ennemi pour lui inculquer quelques principes de base au moment où il est le plus vulnérable et le plus réceptif (juste avant l'orgasme) : "les arabes ne sont pas tous des voleurs" ou "les juifs ne sont pas tous riches". Elle avoue néanmoins que tous les fachos ne se valent pas : un gros con du FN peut en effet lui demander 10 jours d'effort alors qu'avec un sympathisant de Bayrou une demi-journée suffit.
Alors le discours convenu et le nom franchement franchouillard de monsieur Martin incite notre jeune maghrébine a poursuivre la lutte. Avec un nom comme ça et une telle profession (et vraisemblablement un salaire ad-hoc - comme le capitaine), on est forcément de droite. Un client à convertir !
Mais évidemment, Bahia va découvrir que la donne n'est pas aussi simple. Tout n'est pas tout blanc ou tout noir. Les choses sont souvent plus complexes et les noms ne reflètent pas forcément une vérité lisible sur le bout de notre nez.
Le nom des gens tord donc le coup aux préjugés. Aux amalgames. Mais c'est aussi (et avant tout ?) la merveilleuse histoire d'amour qui lie Bahia et Arthur. Une comédie teintée de rose qui fait du bien au moral. Une comédie d'une grande justesse qui ne verse jamais dans la sensiblerie ni dans la mièvrerie. Nous ne sommes pas dans une adaptation insipide à la sauce harlequin. Les acteurs sont très bons et campent des personnages colorés et aux multiples facettes. Rien de lourd : tout est finesse et bourré d'humour.
Et la joie de retrouver Zinedine Soualem, un acteur qui me touche énormément.
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