Je ne croyais pas cela possible. Vous voulez un scoop ? Henri Dès se lance en politique ! Et vous savez pas la meilleure : il est de gauche en plus ! Et il prend sa propre plume pour faire son programme. Mais là où le coquin innove, c'est qu'il n'utilise pas le papier pour sa profession de foi, pour protéger les arbres. Il ne fait pas de campagne non plus. Trop cher. Non, il fait un tract d'une heure quarante et le sort au cinéma. Et tout y passe au rayon des clichés honteux, énormes et périmés. Pire que le clip de l'UMP quand ils chantaient, c'est dire l'ampleur des dégats. Au son de sa guitare, Henri, il hurle à la foule qui reprend à tue-tête ses refrains que les préjugés, c'est pas bien. Hilarant de dénoncer quand on en fait un tel étalage. J'oubliais, aussi, l'administration, les flics, l'armée, bah ils sont trop méchants car ils tuent de l'étranger, demandent des documents d'identité en cours de validité (les vilains !) et traquent les gentils sans papiers, jusqu'à chercher les poils dans le lit, entend-on même. D'ailleurs, à ce sujet, c'est une blague, le coup de l'apologie des mariages blancs pour faire obtenir des papiers, c'est bien ça, non ? Quand aux gens de droite, sans surprise, ils sont tous fachos et aiment bien le fric. Les salauds ! Ah, j'allais oublier : ils font du quad. Voilà la nouveauté...
Le propos très louable du film est traité avec la finesse d'un ouvrier de la voirie armé d'un marteau piqueur en train de défoncer le trottoir avec ardeur. Sauf qu'en l'état, Henri Dès, il se tire une balle dans le pied. La vertu pédagogique qui aurait pu être dégagée se perd ainsi dans un étalage lourdingue de bien-pensance (votance ?) prémâchée rebutant, voire même suscitant un rejet total. L'éducation (?) des consciences tombe à plat et vire à la leçon de choses assommante et sure de son fait, tellement elle pue l'idéologie du bien érigée en apologie jetée à la gueule du bas peuple idiot. Le seul truc pas mal, c'est l'histoire d'amour, surtout Jacques Gamblin qui livre une interprétation toute en incertitude et fragilité. Ah ! Et j'allais oublier l'ami Zinedine Soualem, toujours aussi parfait.
Enfin, c'est un coquin, Henri Dès, il revient aux vieilles méthodes quand il s'agit de faire porter son message. Il s'est payé Jospin en guest star et pour émoustiller le chaland, Sara Forestier tapine nue pendant la quasi intégralité du tract.
L'ami Henri trône donc sur sa première affiche de campagne électorale pour officialiser sa candidature. Il rejoint ainsi les autres filous qui nous draguent pour avoir notre voix. Mais avec un tel bras cassé rejoignant la fine bande, c'est à désespérer de l'engagement politique. Et moi, je vous le dis, en réaction à ses diktats, je ne mettrai jamais son bulletin dans l'urne.