Après le traumatisme que m'a causé le visionnage de "Song to Song" (qui est aussi mon premier Malick), j'ai décidé d'accorder le bénéfice du doute au bonhomme et de me faire sa filmographie...mais à l'envers. Du coup, peut être qu'à l'inverse de la plupart des cinéphiles, j'aurai l'illusion que Malick s'améliore de film en film. Bon, pour être honnête, je me suis contenté de regarder "Tree of Life" et j'ai laissé de côté "Knight of Cups" et "A la merveille", considérés comme moins bons que "Song to Song" sur ce site. Le masochisme ayant ses limites, je me suis plutôt lancé dans "Le Nouveau Monde" qui signait l'entrée de Malick dans les années 2000, après le célèbre "La ligne rouge" (dont le DVD prend la poussière sur mon étagère, comme tant d'autres...).
J'avais pas aimé "Tree of Life" mais c'était déjà moins pire que la purge de cette année. Je me suis donc surpris à espérer pour ce film et...ouais, non.
Peut-être que c'est moi le problème. Peut-être que mes récepteurs neuronaux n'assimilent pas les voix-off graves et tristes qui parlent de Dieu, de la nature et de la filiation, à de la poésie à la profondeur renversante. Peut-être que les scènes montées aléatoirement d'un couple qui tournoie dans une prairie avec des sourires niais aux lèvres ne peuvent tout simplement pas transpercer mon cœur de pierre.
J'ai trouvé ça d'un niais... Même les scènes romantiques de "L'attaque des clones" étaient moins embarrassantes.
Bon, c'est niais, certes, mais il nous faut quand même un héros torturé. Colin Farrell (que j'apprécie beaucoup par ailleurs) prend donc un air de chien battu. Tout le temps.
En fait, ce qui me dépasse, c'est que les films de Malick sont considérés par certains comme des œuvres fortes sur les passions, les relations, familiales ou amoureuses, etc... Mais comme dans "Tree of Life", je n'ai pas trouvé un seul plan qui sonnait "naturel" dans ce film. Les acteurs jouent...des acteurs. Ils posent, tout le temps. Leurs moindres gestes sont calculés, et franchement ça se voit. Ou alors c'est moi qui ait un problème ? Sans doute. Aidez-moi à guérir !
Bon, le film se déroule à l'époque des premières expéditions anglaises dans le Nouveau Monde, donc, au moins, c'est beau. Mais la photo a toujours été le point fort de Malick, donc pas de surprise. Allez, il y a quelques plans vraiment intéressants et bien étudiés au tout début du film, avant que la caméra ne passe en mode reportage animalier.
Le casting est 5 étoiles mais sert pas à grand chose (David Thewlis et Christopher Plummer sont inutiles, et c'est un outrage d'avoir crédité Jonathan Pryce alors qu'ils fait un caméo, de loin, en Roi d'Angleterre) vu qu'on se concentre sur la relation de Pocahontas avec Colin Farrell, puis avec Christian Bale (un peu moins monolithique).
Et c'est dommage car le film est intéressant lorsqu'il aborde, de manière plus ou moins frontale, des thématiques comme l'aliénation des populations de Natifs Américains par les colons, la "régression" de ces mêmes colons et leur retour à "l'état sauvage" lorsqu'ils se retrouvent livrés à eux-mêmes... Une réelle mélancolie se dégage par exemple des scènes où Pocahontas commence à s'habiller "à l'occidentale", de manière plus ou moins résignée. De même, la scène où un indien tente de sympathiser avec les colons sonne juste.
Malick aurait pu transformer l'essai en livrant une réflexion sur ce qu'est la "barbarie", sur le rapport à l'autre, en faisant passer ses idées par ce genre de scènes "naturalistes". Mais non, il préfère philosopher en voix-off et invoquer des concepts aussi creux que Dieu, l'âme, la mère nature, l'amour, la colère, blabla... Et surtout, il préfère se concentrer sur son couple inintéressant.
Je me suis retrouvé comme cet indien qui déambule dans les jardins de Buckingham Palace, à la fin du film : désemparé, hors de mon élément, incrédule.
Prochain épisode de mon épopée Malickienne, "La ligne rouge". J'ai envie de l'aimer, je vous assure. Je veux faire partie de ces gens qui aiment Terrence Malick.