Le Nouveau Monde c'était le dernier film de Terrence Malick qu'il me restait à voir...
Je me rappelle encore ce temps pas si éloigné, quand je m'imaginais que ce monsieur allait devenir un de mes réalisateurs préférés...
Normal, après vu ce que donnait son premier film, La Bal(l)ade sauvage, j'avais de quoi entretenir les espoirs les plus fous.
Espoirs qui ont d'emblée accusé un sale coup, avec ce qui annonçait déjà le commencement de la fin, à savoir son second long métrage.
Les moissons du ciel marquèrent effectivement le début de la cuisine réchauffée, et surtout, de cette espèce de mysticisme grossier qui allait aller s'empirant.
Puis vinrent La ligne rouge et les considérations pseudo-métaphysiques à haute voix que le réalisateur allait choisir d'incorporer de plus en plus dans ses films à venir (en réutilisant souvent les mêmes, histoire de ne pas trop nous perdre dans le méandre de tous ces questionnements très profonds : "What's life? What's love? Who are you? etc...").
Après ça, en ayant déjà un avis assez différent du réalisateur, j'allai voir Tree of Life, au cinéma carrément. Et là je me rappelle bien m'être dit que même s'il ne me restait plus qu'un film de lui à voir, ben j'allais pas le voir; ça servait à rien de continuer le massacre...
Un mois après, j'empruntai Le Nouveau Monde. Je n'avais absolument aucun espoir.
Ça s'est juste révélé être encore pire que prévu. Le decrescendo était parfait.
Que dire ? C'est du Tree of Life en pire (chaud...). C'est du sous-sous-Danse avec les loups (à noter qu'un certain Wes Studi joue dans les deux)...
Tout ce que Malick peut faire de plus agaçant est là : la philo à deux balles, le mysticisme aussi léger qu'une enclume, les trente millions de plans d'arbres et de contre-jours...
Le scénario est mité. A aucun moment je n'ai réussi à entrer dans le film. J'ai essayé la vodka, puis le café... Mais rien n'y a fait; impossible de m'intéresser un tantinet soit peu à l'histoire, aux personnages...
Surtout que pas un seul des acteurs ne joue ne serait-ce que correctement, Colin "la moule" Farrell en tête, vraiment ultra crédible en John Smith (notamment avec son accent irlandais à couper au couteau de boucher), suivi de près par l'abominable Christian Bale, fidèle à lui-même...
On peut aussi remercier Malick, qui avant d'avoir osé utiliser la Moldau de ce cher Bedrich dans Tree of Life, maltraite ici éhontément L'or du Rhin de Richard et Le concerto pour piano n°23 de Wolfgang...
J'ai envie de terminer en mentionnant un passage particulièrement ridicule, bien à l'image du film :
Pocahontas se promène avec John Rolfe dans leur potager. Elle passe sa main dans l'herbe haute et, se retournant vers John, déclare : "We're like grass". Celui-ci lui rend un regard mi-songeur, mi-bienveillant...
P.S : Christian Bale fait très bien le regard bienveillant.
P.P.S : maintenant, pour dire des choses sans avoir à parler, je fais parfois partir mes mains de mon front et les étends devant moi, à la manière des Powhatans.