Un film où la beauté fragile et cruelle de la nature, croise celle d'un amour inattendu. « Le Nouveau Monde » est une ode précieuse à l'humain, à l'utopie, poème lyrique sur l'amour et la vie, où l'acceptation des différences résonne en échos avec la quête de soi.
Terrence Malick est un réalisateur totalement atypique, maître de l'image et gardien des mots. Il fait des films sensoriels qui peuvent également avoir l'effet de berceuses si l'on y est insensible. Mais Malick ne fait pas des films pour une élite particulière, ses longs-métrages sont au contraire très naïfs, beaux et poétiques certes, mais désuets et finalement très sincères. Empreints d'interrogations sur l'existence, sur les sentiments, sur le cours des choses, « Le Nouveau Monde » comporte toutes ces particularités bien entendu, cependant il possède également un souffle plus romanesque, ce qui fait de lui à la fois un grand film d'auteur, mais également une fable tendre et sensible, où les émotions s'entrecroisent à travers des discours pleins de fureur et de philosophie. Tout cela retranscrit dans un grand soucis d'authenticité.
C'est donc pendant la période charnière de la colonisation de la côte Est de l'Amérique, que Terrence Malick choisit de faire son film, l'histoire de Pocahontas étant une bonne opportunité pour faire un film lyrique et contemplatif. Ce peuple dont le réalisateur choisi de narrer l'histoire, est en osmose avec la nature, qu'il croit divine. « Viens Ô Esprit … Tu es nôtre mère, et nous ton champ de maïs. » John Smith, homme rebelle mit aux fers pour mutinerie, débarque avec les autres colons, sur ces rives sauvages, sur cette terre promise qui leur offre une nouvelle vie. Il tombera amoureux de la culture des Powhatan et de la jeune Pocahontas à qui il doit la vie.
Le film s'interroge beaucoup sur les différences entre les deux peuples, sur qui commande tout cela, Pocahontas est le fil conducteur de cette histoire, le personnage est interprété de manières magistrales par la jeune et inconnue Q'Orianka Kilcher, l'actrice est pleine de fraîcheur et de grâce, totalement incarnée par son rôle. Face à elle c'est à Colin Farrell que revient l'honneur de jouer John Smith, même si l'acteur ne présente pas des prouesses dans son jeu, il demeure réellement touchant dans ce personnage. Christian Bale est toujours impeccable, son John Rolfe tout en justesse est parfait, on ressent la passion qu'il éprouve pour son épouse.
Évidemment comme toujours chez Terrence Malick, le film est impeccable visuellement, les images s'accordent avec virtuosité aux monologues, les scènes sont riches en métaphores et on frôle sans cesse la perfection pour ce qui est de l'émotion. Tout est ici un flot infatigable d'images et de sons, qui nous entraîne dans cette magnifique histoire, empreinte d'amour et de mélancolie, de cet hommage fait à la nature aimée et à la fascination de l'humain, être infiniment complexe qui intrigue visiblement beaucoup Terrence Malick, réalisateur discret qui délivre des messages aussi naturellement que les nuages traversent paisiblement le ciel.
« Le Nouveau Monde » est une épopée poétique, pleine de lyrisme et de symboles. Un très grand film, qui nous ramène une fois de plus à notre condition d'être vivant. La nature filmée comme une esquisse, la musique posée dessus comme un songe, et quelques mots qui font mouche. C'est ça le cinéma de Terrence Malick.