Le Nouveau soldat yakuza : La Ligne de feu par Gewurztraminer
Réactivation tardive de la franchise impulsée par la société de production de Shintaro Katsu (comme il le fera également pour Akumyo/Tough Guys), Nouveau Soldat Yakuza : Ligne de feu reprend une formule bien rodée en appuyant la starification de son héros bigger than life. Véhicule commercial à la gloire entière de son instigateur, le film cantonne Masumura dans un simple rôle d'illustrateur. Une chronique tragi-comique qui prend les atours d'une critique indirecte du conflit militaire sino-japonais en traitant par l'absurde les dérives autoritaires d'un commandant zelé (Jo Shishido) et décrivant un conflit figé vu des lignes arrières, l'occasion de sonder les relations tendues au sein du groupe.
Si le film se contente de recycler une formule basique sur-exploitée (déjà neuf itérations), Masumura recours ici une inflation outrancière particulièrement plaisante dans sa description au jour le jour de la confrontation Katsu/Shishido. Ce soldat bourru et idéaliste s'oppose ainsi à la hiérarchie et met en lumière les dérives des gardés : il refuse d'exécuter un jeune chinois innocent et avorte la tentative de viol d'une chinoise (ce qui vaut une réplique hilarante du coupable lubrique 'Je suis un soldat de l'empire japonais, si je viole une femme, ce n'est pas pour l'appel de la chair !'). Véritable one-man show, le film insuffle une thématique romantique (Katsu contant fleurette à une villageoise chinoise) motivant les dérèglements incongrus du héros et valant des scènes mémorables (Katsu traité d'homosexuel humilie un gradé de façon explicite, ou encore bastonnant la garnison entière dans un accès de fureur). Car le tempérament volcanique du héros cache un coté sentimental fleur-bleue (et taquin , voir sa demande de prélever des poils pubiens comme souvenir amoureux !) où l'amour transcende la guerre, à l'image d'une conclusion ironique et amère où Katsu passe chez l'ennemi à la quête de son amour perdu.