La grande lessive
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Gros morceau que ce Pacha puisqu'il réunit Lautner à la réalisation (Les Tontons Flingueurs, Le Guignolo), Gabin en haut de l'affiche et Michel Audiard aux dialogues ; en plus d'un cameo de Serge Gainsbourg, dont le Requiem pour un con parcoure le film. Quelques répliques sont passées à la postérité, la plus savoureuse étant « Quand on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner ». En combinant ces arguments massues et des recettes traditionnelles, Le Pacha assure les réjouissances, même s'il manque un peu d'invention.
Car le scénario est plutôt gringalet, l'enquête sans grand attrait ; ce pourrait être un polar de plus, sur le papier il a même presque aucun intérêt. À l'écran ça se passe autrement et pour les clients du genre c'est un régal assuré. Le Pacha a un côté testamentaire, point final avec un pied dans l'après ; il sonne caricatural sans perdre en magnétisme, comme lorsqu'un refrain connu s'accomplit. Gabin y mène une enquête sur la mort (meurtre probable) d'Albert Gouvion, son ami quoiqu'il l'ait exaspéré jusqu'au-bout. Le vieux loup (calme, blasé, actif) constate et accepte tout le cynisme de sa profession, de son monde, de toute l'humanité qu'il a fréquentée même, quoique le flegme atténue son venin. « La police est mesquine » assume-t-il et lui-même est plutôt un pourri à ses heures, dans la pratique en particulier, dans l'esprit ça ne compte pas.
On est pas si loin du film noir, tout en restant dans le cinéma de gangsters stoïque et désenchanté à la française. Le Pacha est différent de ses homologues du genre et de l'époque à cause de son degré extrême de crudité ; le langage est très vulgaire à l'occasion (y compris celui de Gabin), la violence outrancière (censurée à l'époque, 1968). Bien que Gabin supporte tout le poids du passé et s'appuie sur lui pour éclairer le présent, il contemple avec placidité la modernité d'après ; ainsi l'insolite arrive, soit Gabin chez les hippies. La scène du club, érotisante, connecte à des gimmicks d'ailleurs, alors qu'ici l'ambiance a déjà changée. Cette énergie particulière définit Le Pacha, le film comme son leader ; mélancolique mais sans tirer vers la passivité ; ce sera pour le hors-champ plus tard, probablement.
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Créée
le 27 juin 2015
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