Le Pacte des loups est une bonne première approche, quand on ne connait pas vraiment le cinéma de Christophe Gans. Film ultra référencé, qui mélange plusieurs genres, et qui nous raconte une histoire en l'assumant totalement. Malgré ses maladresses, il s'agit pourtant ici d'un film qui mérite que l'on s'intéresse à lui, d'autant plus parce qu'il est Français, parce que oui notre filmographie ne se résume pas seulement à La Grande Vadrouille ou Bienvenue chez les Ch'tis. Nous avons des réalisateurs originaux et ambitieux, Christophe Gans en fait partie.
Il est assez difficile de parler de ce film, et ce pour plusieurs raisons. A la fin du visionnage on ne peut que se dire (que l'on ai apprécié le film ou non), qu'il s'agit-là d'un OVNI dans l'horizon cinématographique Française. C'est un fait qui demeure très actuel d'ailleurs, peu d'autres films avec une telle ambition sont sortis depuis chez nous.
Il y a une chose à savoir sur Christophe Gans, et cela influe nettement sur l'appréciation du film, ou plus globalement la perception que l'on peut en avoir, c'est que Gans est un cinéphile qui possède beaucoup, énormément même, de références. C'est presque un geek en somme, et c'est en sachant cela que l'on se rend compte que le film sur sa durée, est survolé d'une véritable passion dans la réalisation.
Au premier abord on peut percevoir le film comme un simple exercice de style, ce qui n'est pas totalement faux, bien que si la forme tend vraiment vers cela, le film dans le fond est suffisamment fouillé pour ne pas être qu'un simple divertissement sur le thème de la Bête du Gévaudan.
Christophe Gans nous raconte une histoire, qui tend même vers la fable, le film est structuré ainsi. On distingue d'ailleurs très clairement deux parties dans le film. La première heure et une vingtaine de minutes supplémentaires s’attachent à mettre en scène la véritable légende et les faits connus aujourd'hui sur la Bête du Gévaudan, alors que la seconde partie tend vers quelque chose de plus fabuleux. Le réalisateur nous montre en quelque sorte une interprétation plus ou moins personnelle de cette légende, en s'écartant pour le coup des faits véridiques, pour créer un dénouement à cette histoire. Dénouement plutôt cohérent il faut le dire, dans le fond bien sûr, puisque la forme demeure toujours, et de manière constante tout le long du film, très stylisée, assez irréaliste, et pourtant ancrée dans un univers visuel et de composition qui tend vers l'authentique. C'est un mélange assez spécial, qu'il est fort probable et tout à fait compréhensible de ne pas apprécier. Cependant il faut quand même souligner que dans les contrastes, l'époque est retranscrite de manière assez fine, pas subtile mais fine. Cette seconde partie, bien qu'imparfaite c'est un fait, demeure en revanche parfaitement assumée par son auteur.
Nous sommes ici dans un film de genre, qui oscille entre le romanesque, surtout pour ce qui est de l'écriture, et le film d'action, un film qui explore également diverses thématiques, sans pour autant aller vraiment au bout de toutes, notamment celle de l'intrigue principale qui sert à relater les faits. C'est sur ce point qu'il y a peut être un soucis, car ça manque un peu d'enquête étant donné le sujet. Le film prend des allures de conte horrifique et romanesque, un peu à la manière d'un Labyrinthe de Pan, (remarque très subjective, d'autant que le film de Del Toro est sorti bien après), d'autant plus que Gans est non seulement un cinéphile, mais c'est aussi un cinéaste visuel. Les décors, la lumière, les costumes, la mise en scène, beaucoup de chose viennent ponctuer le récit de base. Même si il est vrai que certains aspects ne sont pas toujours cohérents, les combats type arts martiaux n'ont pas vraiment leur place ici, par exemple.
Parlons enfin de la Bête et du casting. Et bien il faut dire qu'il est plutôt bon, bien que les interprétations ne soient pas vraiment exceptionnelles, les comédiens sont crédibles et convaincants, mais pas de performance ici. Samuel Le Bihan s'en sort bien, son rôle de naturaliste est bien écrit, d'ailleurs les personnages bénéficient tous d'un vrai traitement, ils ne sont pas là que pour meubler. Mark Dacascos qui joue l'indien, est également convaincant, mais n'oublions pas non plus l'excellent Vincent Cassel, qui semble véritablement prédestiné à ce genre de rôle.
Quant à la Bête, elle a prit un sacré coup de vieux aujourd'hui, son design est assez étrange, pas toujours convaincant mais avec cette petite touche terrifiante. D'ailleurs Gans sait gérer l'angoisse et la peur, de manière singulière et propre au conte. Le spectateur craint cette bête, à la fois fascinante, il y a le désir de la voir vraiment et en même temps la crainte, c'est assez réussi sur ce point.
Voilà de quoi il en retourne un peu du Pacte des Loups, ce n'est pas vraiment un très grand film, mais en tout cas il a de très grandes ambitions. C'est en revanche un film incontournable et important du cinéma Français, un film de genre qui n'est pas commun. Une oeuvre très référencée, un vrai film de cinéphile en somme, et surtout réalisé avec une vraie passion, et c'est ce qui en grande partie en fait tout l'intérêt, la filmographie de Christophe Gans est véritablement fascinante.