Vous n'êtes pas sans savoir que le cinéma de genre en France va mal. Il fut un temps on l'on respectait les artisans du film d'aventures, ou de cape et d'épée, mais une sorte de schisme s'est opéré au fil des âges, et on s'est retrouvé avec des sous catégories bien particulières qu'il était de bon ton de dénigrer. Avec pour résultat de ne donner aucun moyen aux dits artisans pour fabriquer leurs œuvres, du coup celles-ci sont mal foutues, et on se permet de dire : " ah bah oui, j'avais raison, ces films là sont pauvres ! "
Du coup, la moindre tentative de sortie d'un film de genre friqué est à surveiller de près. Alors j'y suis allé, plein d'espoir, car j'avais bien aimé Crying Freeman, qui certes est un peu froid, mais assez agréable à regarder.
Mais hélas, trois fois hélas, au bout de 2 minutes de projection le vent tourne et me ramène une sale odeur de merde.
Ça commence fort avec une scène assez comique, où une bergère coursée par un mal invisible se pète la gueule dans de l'herbe en faisant des gros KRRAAAAUUÜÜÜNCCHH!!! et qui finit par disparaitre derrière un rocher dans une parodie des Dents de la Mer des plus ringardes.
S'en suit une scène incompréhensible où deux cavaliers sous la pluie arrivent avec un entonnoir vissé sur leur cou, un costume-design des plus saugrenus, parce que sous la pluie ça doit donner des dialogues tonitruants :
" - Glourbgloubglourb ?
- Glourbgloubourgh ! "
( Le seul César que le film a reçu est celui des Costumes... )
Bref, je reviens à mon histoire. Ils croisent une bande de paysans qui courent après une vague fermière qu'ils ne connaissent absolument pas, et là Mark Dacascos y descend, et il leur PETE LA GUEULE !
J'ai franchement aucun moyen de savoir pourquoi il a fait ça, et en plus j'étais même pas certain qu'il était en train de leur péter la gueule tellement c'est mal filmé...
Alors je me surprends à dire : " Alors c'est comme ça ? Même avec du fric et des moyens techniques dignes de ce nom, le cinéma de genre est forcément une horrible bouillie ? "
Parce qu'ensuite, l'intrigue vaut son pesant de cacahuètes. Entre deux moments où Mark Dacascos pète la gueule à des figurants pour aucune raison, on apprend que Samuel Lebihan a été dépêché sur place pour percer le mystère de la bête du Gévaudan.
Et à la fin on apprend que c'est une bande d'érudits qui ont fait un pamphlet anti-Roi qui ont tout fomenté : ils ont amené une girafe ( oui, le film fait état d'un " animal exotique venu d'Afrique " ) avec une armure complètement tarabiscotée, et ils l'ont lâchée pour qu'elle tue des fermières anonymes à 500 Km de Versailles... Pour affaiblir le pouvoir du Roi !! Et ils se réunissent la nuit dans les bois, vêtus de cape en soie rouge ( aglaglagla ! ) pour se dire " Aah ouais ! On l'a bien niqué le Roi ! Ahaha ! "
Cerise sur le gâteau, on apprend que la fermière sauvée par Marc Dacascos était en fait une des méchants figurants du film !
Et comme à ce moment, Marc Dacascos est mort, bah Samuel y va, et il leur PETE LA GUEULE ! Vincent Cassel se retrouve miraculeusement en possession d'une épée tout droit venue de SoulCalibur, mais il finit quand même par se faire péter la gueule !
Ajoutez à cela une "histoire d'amour" complètement cucul, filmée avec des champs-contre-champs-à-fondu-enchainés dans une photo carte-postale du plus mauvais goût et une sous intrigue complètement tarte, où Samuel Lebihan fait semblant d'être mort avec un poison spécial pour mieux faire peur aux figurants avant de leur péter la gueule !
En sortant de la salle je me suis dit que le film nécessitait deux conditions exclusives pour être apprécié : Avoir 12 ans, et n'avoir vu Aucun film de toute sa vie ! Sinon, c'est baisé... J'ai passé les 2H20 que dure le film ( dans sa version salles, Dieu merci ) en ENFER !
Seul résultat de l'expérience : le constat terrible que le fric ne peut pas tout, et qu'on ne le confie pas aux bonnes personnes...