Coup de foudre à l'arrêt
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le 30 mars 2023
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Pas facile d'écrire sur ce film car il m'a beaucoup marqué et j'étais très émue tout le long, actuellement c'est le bordel dans ma tête et ça devient vitale que j'aille le revoir.
Je l'attendais avec impatience depuis plusieurs mois et je n'ai pas été déçue, voilà un film doux, qui soigne, qui fait du bien, qui ouvre le cœur et nous remplit de tendresse.
On est témoin d'une histoire d'amour dans un centre pour mineurs délinquants, mais c'est aussi les espoirs d'une jeunesse paumée, en remise en question d'un avenir incertain et qui aspire surtout à la liberté.
J'ai particulièrement aimé le travail dans la mise en scène que j'ai juste trouvé sublime, par sa simplicité et son humanité, surtout dans la représentation du désir entre les deux adolescents. Celui-ci est filmé de manière à appuyer les émotions et surtout la liberté qui en ressort, car ce désir est avant tout un interdit de plus à braver pour ces jeunes, et se retrouver est pour eux comme un nouveau langage, où les barrières n'ont plus leur place : un paradis où ils ne sont plus seuls.
J'ai envie d'analyser tous les plans du films, les regards, la lumière et le cadrage...tout relève de beaucoup de poésie en appuyant sur l'importance de montrer que l'amour et la tendresse prennent le dessus sur la violence. J'ai trouvé ce propos du film super intéressant et il permet de porter l'œuvre avec beaucoup de douceur, tout en la politisant en montrant la réalité de la violence en foyer.
La réalisation se caractérise aussi par la manière dont le quotidien de ces adolescents est montré, Zeno Graton filme ainsi avec beaucoup de réalisme, proche du documentaire. Cela permet d'accentuer les propos du film et la situation de ces jeunes.
La rencontre de Joe et William est digne d'un électrochoc et d'une défiance au système, car entre eux quelque chose se bouleverse et témoigne d'une jeunesse mélancolique qui ne veut plus se retrouver seule dans un désir d'émancipation.
Par cette relation est aussi apporté une réflexion et critique sur le système judiciaire qui est montré comme souvent absurde et peu à l'écoute des adolescents en difficulté.
Des jeunes se retrouve donc à vivre dans des centres qui les formate à la société et les individualise, ne plus vouloir être seul semble donc être un état de survie à ce système, et lorsque Joe et William réussissent à ne faire plus qu'un, ils entraînent avec eux une remise en question des institutions auquel ils sont soumis.
Ce film est à regarder autant avec les yeux qu'avec le cœur, il suffit de se laisser porter par les regards magiques de Joe et William, la musique envoûtante de Bachar Mar-Khalife, les silences et les plans longs qui montre la réalité d'une jeunesse oubliée...
Bref, j'ai adoré, j'avais les larmes aux yeux pendant 1h20 et je repense beaucoup au film depuis.
*Coup de cœur aussi évidemment sur les scènes qui m'ont fait lâcher toutes mes larmes : leurs échanges quand ils tapent contre le mur qui les sépare, William qui pleure avant et après le départ de Joe, leur arrestation et leur soif de s'enfuir, les courts moments où ils se retrouvent, Joe qui craque et se précipite sur William, la scène du tatouage et encore beaucoup beaucoup d'autres scènes, car même si le film dure 1h20, chaque minute est précieuse et semble nous rapprocher un petit peu plus du cœur des personnages...
Créée
le 23 mai 2023
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