Plus connue en tant qu'actrice, Estelle Larrivaz se lance dans la réalisation sur un scénario écrit par elle même. Une double casquette pas forcément facile à assumer, surtout pour un premier film. Et effectivement, si l'on sent une réelle volonté de bien faire, force est de constater que ce Paradis des bêtes souffre de faiblesses qui l'empêchent de passer la barre du vrai bon film.
Le sujet, tout d'abord, plutôt classique, une histoire de couple qui se déchire, et qui va vite dégénérer, vue principalement à travers les yeux de Clarisse, la fille aînée. Partant sur de bonnes bases, le scénario va vite déraper. Si la confrontation entre les deux parents bénéficie d'un souffle remarquable, de par la violence qui s'en dégage, le soufflé retombe à mi-film lorsque l'histoire se concentre sur la tentative de nouveau départ de Dominique. Les intentions de celui ci ne sont pas toujours très claire, et on se surprend vite à s'ennuyer, parfois, devant ses obsessions qui nous échappent.
Si la réalisation ne brille pas par son audace, elle a au moins le mérite de tenter certains effets notables, d'oser certains partis pris ce qui, pour un premier film, aurait pu conduire au désastre. Il n'en est rien ici, même si le montage est parfois un peu bancal. Certaines scènes s'enchaînent sans vraiment de liants, et d'autres auraient gagné à être rognés. Deux heures, c'est peut être un peu long. Au rang des bonnes surprises, on notera une photographie de très bonne facture, la lumière jouant un grand rôle dans l'ambiance du film.
Le problème de baser un film sur un regard d'enfant, c'est le casting. Pas évident de trouver de jeunes acteurs capables de porter le film sur leurs fragiles épaules. La jeune Valentine Klinberg y parvient irrégulièrement, mais mérite d'être surveillée, son air grave et sérieux dénotant d'une belle maturité. Le couple Stefano Cassetti - Géraldine Pailhas fait toute la force du film. L'un est d'une brutalité bestiale, et prête son visage dur et ses mimiques sombres à un personnage de macho typiquement italien, l'autre, superbe mélange de force et de fragilité mélangée, souffre peut être d'une mise au second plan trop rapide. La faute de goût vient de Muriel Robin, qui ne parvient décidément pas à passer la frontière pour devenir une actrice convaincante.
Porteur de belles promesses, Le Paradis des bêtes déçoit un peu, la faute à un scénario à deux vitesses. A surveiller quand même, l'actrice Estelle Larrivaz s'imposant comme une réalisatrice prometteuse.