"Le parfum d'Yvonne" ou la vacuité faite film
Autant, j'ai encensé "Les grands ducs", autant ce film là est une rature complète. Avec "le Parfum d'Yvonne", Leconte adapte un roman de Patrice Modiano "Villa triste". J'ai pas lu le livre, mais le film ne m'en a pas donné envie.
En ce qui concerne le registre du cinéaste, on lorgne davantage du côté du "mari de la coiffeuse", mais en version délavée.
Là où "Le mari" faisait ressortir une réelle poésie, de la sensualité — avec certes une issue tragique — mais un vrai talent de réalisation, "le parfum d'Yvonne" reste en surface.
1h30 durant on assiste à des débordements de scènes charnelles inutiles, vaines, pur remplissage de pellicule, qui n'apportent rien aux deux principaux protagonistes : le petit cuple Girardot/ Majani. Certainement pensés comme décalés et poétiques, il se révèlent en réalité vains et inintéressants. On se fout éperdument de leurs destins. Ceux de Marielle et de Bohringer, quoi que mieux définis, n'aident pas à remonter le niveau.
Le parti-pris contemplatif, charnel, nostalgique tombe complètement à plat. Au final, on a le sentiment d'avoir vu un mauvais téléfilm français.
Il faut dire que l'idée même d'Hippolyte Girardot dans un rôle sensuel fait sourire. A 30 balais passés, il est censé incarner un personnage de 18 piges selon le livre (mouaarf) et, surtout, il est totalement dépourvu de sex appeal : voix efféminée, virilité de métrosexuel, charisme d'huître, oeil benêt. L'erreur de casting totale.
Alors, quand on le voit semi dénudé pendant la moitié du film, on reste de marbre, on a le sentiment que ça sonne faux, comme cette horrible BO d'ouverture aux violons déchirés et criards.
J'ai acquis le film en promo avec "les Grands duc", j'aurais amèrement regretté de l'avoir acheté tout seul.
Je le déconseille à tout le monde.
"Sale, nul, deux", comme le disait Martin Lamotte dans "les Bronzés", film culte de Patrice.
Si vous aimez ce genre de narration éthérée, lente, poétique regardez plutôt "Mort à Venise" de Visconti.
Lui vous transportera vraiment.