Du giallo dont il est labellisé, Le parfum de la dame en noir ne conserve que le côté mystérieux seyant au genre, mais en dehors de cette mince composante, il est bien difficile de classer le film de Francesco Barilli, parce qu’il ne ressemble à aucun autre. Difficile en effet de catégoriser telle somme d’influences très diverses, qui vont du fantastique le plus vaporeux au séquences bis généreuses dont les ambiances particulières rappellent parfois Bava. On trouve en effet ici une belle sensibilité à créer des atmosphères très picturales dans lesquelles se perd à loisir une Mimsy Farmer complètement désemparée.
Dans tout cet amas de références, celle qui surprend le plus, parce qu’elle semble bien loin de son univers d’origine, c’est celle d’Alice au pays des merveilles, tellement présente qu’elle est la seule clé permettant un début d’explication à l’intrigue surréaliste que met en scène Barilli. Du conte, le cinéaste reprend la temporalité joueuse et s’amuse avec les apparences pour confondre rêve et réalité, jusqu’à perdre le spectateur dans les dédales d’un drame psychologique sans queue ni tête. Vaudou, magie noire, folie, manipulation, toutes les hypothèses se défendent autant qu’elles s’invalident au fur et à mesure que Barilli joue sur les incohérences pour mener son spectateur vers un final imprévisible qui fait rire jaune tant il paraît être en déphasage avec l’intrigue.
En fin de séance, il n’est pas évident de rassembler ses impressions pour constituer un avis rationnel. Pour ma part, même si je comprendrais qu’on puisse trouver son compte dans cette folle bobine, c’est plutôt l’ennui qui m’a envahi. Certes Barilli pare son film de très belles ambiances, mais je n’ai pu m’y raccrocher, faute d’essayer de saisir où le bougre souhaitait m’emmener, avant que je comprenne, un peu trop tard, qu’il n’y a finalement pas grand-chose à comprendre de cette bataille psychologique aux frontières du réel, si ce ne sont quelques thématiques un brin cavalières.