"Notre langage ne vaut rien pour décrire le monde des odeurs"

Je me suis efforcé d’envisager durant tout le visionnage l’œuvre comme si elle était unique, sans me soucier du fait qu’il s’agit d’une adaptation d’un roman que j’ai adoré dévorer sur les longues routes de l’Arizona en deux petits jours. Efforts vains, certaines comparaisons s’imposent.

Le parfum conte l’histoire de Jean-Baptise Grenouille, heureux détenteur du nez le plus fin de Paris et ayant pour principal objectif de créer le meilleur parfum que le monde puisse connaître.

Là apparait déjà une contrainte physique nette, la représentation du sens olfactif par le biais d’un écran et d’enceintes relève de l’impossible. Or, le réalisateur parvient à certains moments, et notamment au début de l’œuvre dans le cas de la puanteur, à créer une synesthésie pour qui veut bien essayer de s’immerger dans l’univers. A contrario, il arrive que certaines scènes soient trop lentes, sans musique pour inspirer quelque odeur qu’il soit.

Les décors sont la plupart du temps agréable quoi que parfois l’image de synthèse soit trop remarquable lors par exemple des plans larges sur le Pont au Change à Paris ou sur la ville de Grasse.

Les acteurs sont bons si on oublie le jeu surfait de Ben Whishaw. Dustin Hoffman est certes très expressif dans sa gestuelle mais cette attitude est plus adaptée au personnage du fait de son rang social, sans être noble il exerce tout de même un métier d’excellence, raffiné. Le choix de Ben Whishaw est d’ailleurs curieux mais compréhensible : en effet, dans le roman, Jean Baptise Grenouille est un hideux garçon qui garde des cicatrices dégoutantes après l’incubation de maladies graves tandis que dans le film, il est plutôt beau garçon, sûrement une question d’esthétique.

Vient la conclusion et avec elle, la question de la scène de l’orgie. On sent certes l’extase de la masse mais jamais un individu n’est envisagé singulièrement dans ses émotions, la scène aurait pu être plus intense.

Bon, je pensais être plus déçu que ça par cette adaptation mais finalement ça va. Le choix de suppression de certains épisodes du début au profit de l’illustration des meurtres est plus ou moins justifiée mais pour le reste, c’est plutôt fidèle. Et… allez… +1 pour les deux ravissantes jeunes femmes rousses.
Deleuze
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le 6 août 2013

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