Un peu trop grosse pour le boeuf
Formellement étonnant, le parfum est néanmoins un film particulièrement instable, aussi hypnotique dans sa reconstitution bien crasseuse d'un Paris fin 18e que bien trop long et parfois ennuyeux, comme si Tom Tykwer tentait, jusqu'au bout, de trouver sa façon d'adapter le roman dont il s'inspire, quitte à étirer, plus que de raison, un découpage narratif qui peut parfois paraître un peu maladroit. En effet, si le début est plutôt maîtrisé, la naissance et l'enfance de la grenouille parviennent à poser les bases lugubres de son histoire peu commune, dès que Tykwer illustre la descente de son personnage dans une folie criminelle dont il n'a pas conscience, on trouve le temps un peu long. On sent que le cinéaste se laisse un peu dépasser par le matériau très riche qu'il a entre les mains, sans parvenir à vraiment trouver une cohérence dans son illustration. Dès lors, s'il possède une réelle maîtrise formelle qui donne lieu à de jolis moments de mise en scène, tout cela semble un peu vain. Et ce n'est pas ce dénouement sous LSD qui parvient à remettre les choses en place.
Heureusement Tykwer est doué. Il parvient à nous faire avaler ses couleuvres en les travestissant de belle manière. Aidé en cela par un premier rôle qui trouve la bonne partition, il réussit même à faire de son histoire de naseau un moment très intéressant. J'aurais juste préféré qu'il assume davantage son propos, quitte à y aller sans détour dans la violence meurtrière qui saisit le nez virtuose de son histoire. En l'état, difficile de complètement adhérer au film quand on sent que même son réalisateur s'y perd un peu, entre ambition démesurée, personnage complexifié inutilement et trame narrative un peu trop light, qui abuse de ficelles un peu grosses. Le parfum s'avère être davantage un divertissement graphique réussi qu'une vraie lecture du film de serial killer en pleine période des lumières. Dommage.