Or, noir et sang
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Vous vous souvenez de ce sketch des Inconnus où un mec tente de parler du Dracula de Coppola et ne trouve rien d'intéressant à en dire : "Houlala, c'était bien le Dracula de Coppola, il y avait des belles images, des belles lumières, des bons acteurs" puis voyant que ça n'intéresse pas ses potes balance des remarques sur une scène de cul du film.
Et bah, c'est moi avec Le Parrain de Coppola. Sans la vanne de cul. En plus ceci marque ma 400e critique sur ce site, je ne peux pas vraiment m'en sortir avec une pirouette du style "voilà ce que j'ai fais pendant le film." A vrai dire, à revoir ce film avec ma copine, j'ai pas foutu grand chose mis à part avaler encore une fois les 2h50 de films d'une traite (ponctué par d'une lecture de wikipédia étant donné qu'il y a des personnages dont j'avais pas retenu le nom.)
Et je pense que c'est là la force du Parrain de Coppola : le film dure presque 3 heures, il est remplis de tonnes et de tonnes de personnages aux noms quasiment tous à consonances italienne, tous sont des personnages immoraux et... ça s'avale d'une traite, sans douleur. On en redemanderait presque (et on aura la suite avec le Parrain II.)
Ce qui est marrant, c'est que certains (notamment le Fossoyeur de films) vantent le film Devil's Reject de Rob Zombie en nous disant que "bien filmé on peut rendre une famille de serial killer attachante" mais tout est déjà en germe dans le Parrain. Les personnages sont des pourris qui n'hésitent pas à tuer, à décapiter la tête d'un cheval, à faire des coups fourrés et trafiquent de l'argent sale lié aux paris et à la prostitutions pourtant on est content de les voir diner à table, célébrer leurs fêtes de familles ou jouer avec leurs petits enfants. Jamais cela ne donne l'impression de passages désordonnés mais c'est au contraire englobé dans un tout bien confortable et franchement bien foutu.
Enfin, ceci dit, j'ai personnellement moins de sympathie pour les personnages du Parrain que je n'en ai pour les personnages d'une série comme Les Sopranos où (développement oblige) les personnages sont moins unidimensionnels. Il faut dire que le film, c'est surtout la montée de Michael Corleone, ce passage de loyal bon à loyal mauvais, évoluant en 3 heures d'un ex-soldat extérieur aux affaires familial à un chef de mafia froid et impitoyable. Et c'est juste fascinant de voir cette progression logique, sans gros revirement, mettant en scène ce qui était peut-être en germe dès le début.
Le tout est servi par une mise en scène "impeccable rien à redire, c'est beau" servi par des acteurs charismatiques (Brando est juste génial) ce qui fait que lorsque ce film est considéré par pas mal de gens comme "le meilleur film au monde" je ne trouve rien à redire. Il ne fait juste pas parti de mes films préféré et à le revoir, je le trouve un poil trop complexe avec ses noms qui poppent de nulle part ("c'est Barzini qui tirait les ficelles depuis le début" "Heuuu, c'est qui Barzini")
A vrai dire, à travers le Parrain, c'est la naissance d'un genre (le film de mafieux) que l'on voit naître avec ses travers (les fans qui ont pris ces films au premier degré, les copycats façon "le grand pardon") et ses bonheurs (Les Sopranos, les films de Scorcese, les très nombreuses parodies, etc.)
Dur de lutter contre un mythe.
Créée
le 10 janv. 2018
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