Au commencement était le livre. Un livre de Mario Puzo qui devint rapidement un best-seller dès sa sortie. De ce livre, Puzo et Coppola en feront en scénario. Ne trouvant personne pour réaliser le projet, Coppola se lance dans sa réalisation suite aux conseils avisés de son ami George Lucas.


Le Parrain aborde de nombreuses valeurs, comme le respect de la famille, l'honneur ou le sens du sacrifice. La violence est soigneusement et savamment distillée tout au long du film. Coppola avait l'intention de faire un



film authentique sur des gangsters italiens, sur comment ils vivaient, comment ils se comportaient, la façon dont ils traitaient leurs familles, célébraient leurs rituels.



L'omerta très présente dans le film et participe à ce climat de tension, de non-dits et de frustration qui imprègne les protagonistes. D'ailleurs, les mots "mafia" et "cosa nostra" ne seront jamais prononcés. Comble de l'ironie, cette bizarrerie est due à la pression du lobbyiste Joseph Colombo, patron de défense des droits civique des Italo-Américains. Ce même Joseph Colombo était d'ailleur favorable au cumul des mandats. En plus de sa vie politique, il était aussi le parrain de la famille Colombo, une des cinq familles de New-York. Son exposition médiatique causera d'ailleurs sa perte : trois balles dans la tête. L'omerta, toujours l'omerta.


De nombreuses scènes sont passées à la postérité, mais s'il fallait en retenir une, je choisirai celle de la tentative d'assassinat de Vito Corleone. Tout est parfaitement orchestré. Vito qui achète ses oranges, l'arrivée des hommes de main, le gros plan sur leurs pistolets, la fusillade, Fredo qui sort de la voiture et fait tomber son arme, la chute du Parrain blessé et Fredo pleurant assis sur le trottoir. Du grand art. Cette scène révèle aussi l'impuissance de ces personnages à échapper à un destin funeste, qu'ils soient homme de main ou capo di tutti capi. Le meilleur exemple est l'évolution du cadet de Vito, Michael. Interprété par un Al Pacino au jeu fiévreux, Michael embrasse petit à petit, à mesure qu'il se rapproche de son père, les us et coutumes de la mafia. Il aura d'ailleurs ces mots mémorable dans le troisième volet de la trilogie :



Juste quand je m'en croyais sorti, ils m'y ramènent.



Le Parrain possède un casting hors du commun. Il a permis aussi de découvrir un grand acteur, Al Pacino. Marlon Brando, coton dans la bouche, est et restera un des personnages les plus marquant de l'histoire du cinéma. L'acteur sera oscarisé pour sa performance, mais chose peu commune, Brando refusa le prix. Il envoya à sa place une jeune amérindienne pour dénoncer le fait que l'industrie cinématographique n'employait à cette période que très peu d'amérindiens pour interpréter des rôles de cette communauté. John Cazale et James Caan sont aussi très bons dans leurs rôles de Fredo et Sonny Corleone, deux frères au physique et au caractère totalement opposé.


Francis Ford Coppola réalise ici un chef-d’œuvre intimiste et intemporel d'un monde inconnu qui fascine malgré sa violence et sa dureté. Le compositeur Nino Rota contribua fortement à cette atmosphère si particulière grâce à cette musique envoutante, émouvante et inoubliable. Un incontournable pour tous les amoureux du 7ème art.

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le 11 juin 2014

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Vincent-Ruozzi

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