Rideau
Seize années après le Parrain II, Francis Ford Coppola retrouve Mario Puzo pour conclure la saga de la famille Corleone et le destin de Michael, après que ce dernier ait éliminé ses ennemis et...
le 31 mai 2016
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La trilogie est donc bouclée. 16 ans après le Parrain 2ème partie, Francis Coppola retrouve Michael Corleone vieillissant, affaibli, diabétique et repentant. Après avoir décrit la montée en puissance de la famille Corleone en Amérique, et retracé la consolidation de son empire à travers l'héritier de Vito Corleone, le réalisateur livre enfin le dernier chapitre de sa saga mafieuse, alors qu'il ne voulait pas au départ s'en charger. On avait avancé les noms de Sylvester Stallone et même d'Andreï Konchalovsky, mais pressés par le studio Paramount, les vrais auteurs de la saga, Coppola et Mario Puzo ont finalement cédé.
Comme dans le Parrain et le Parrain 2ème partie, le Parrain 3 commence par une cérémonie religieuse et finit dans le sang ; pas plus que dans les épisodes précédents, Michael Corleone ne peut échapper à son destin. Il tente de dénouer les ficelles du drame, mais comme dans les tragédies antiques, le meurtre se nourrit d'autres meurtres, et engouffre des victimes innocentes ; pour la rémission de tous ses péchés, Michael Corleone se reconvertit dans des affaires légales et compte sur l'Eglise pour blanchir son argent sale, tout en retrouvant une conduite honnête auprès du Vatican. Mais ironie du sort, en fréquentant la hiérarchie ecclésiastique et la haute finance, il rencontre encore plus corrompu que lui, une vraie mafia !
J'ai souvent entendu dire de ce film qu'il était le moins réussi des 3, je ne trouve pas, au contraire, je serais tenté de le préférer au Parrain 2ème partie, même si je considère qu'ils se valent tous les 3. Cette langueur qu'on lui reproche, et ce manque d'intérêt des personnages sont de fausses impressions, Coppola filme cet ultime volet à la manière d'un opéra flamboyant et tragique, avec une caméra volontiers contemplative qui s'attarde sur les personnages et les visages (les scènes entre Pacino et Andy Garcia, les regards entre Sofia Coppola et Andy Garcia, de même que la séquence où Michael avoue ses crimes au cardinal Lombardo possède une grande force émotionnelle). Et puis soudain, la violence éclate, abrupte, sanglante et implacable, car Coppola n'oublie jamais que l'univers qu'il décrit renferme la mort et la compromission.
Ce qui frappe aussi, c'est l'ancrage plus important dans les événements réels, le film s'inspire de l'actualité de la fin des années 70, en mêlant habilement la papauté à la famille Corleone, et en soulevant la thèse de l'assassinat du pape Jean-Paul Ier, ainsi que les scandales de la banque Ambrosiano ; tout ceci servant d'arrière-plan historique donne une crédibilité certaine au film.
C'est un joyau noir, sublime, 3h d'intensité, de vendetta et de crimes sanglants sur fond de Vatican, où Michael fait le bilan de sa vie ; c'est superbement éclairé par Gordon Willis, et on y distingue plusieurs scènes réussies, comme la fusillade par hélico des chefs mafieux à Atlantic City, la confession de Michael Corleone, la passation de pouvoirs entre Michael et Vincent Mancini, la visite de la Sicile par Michael et Kay qui évoque des regrets, ou les dernières séquences pendant la représentation de l'opéra Cavalleria Rusticana, avec en contrepoint l'élimination ultime de tous les ennemis du clan Corleone, puis le final sanglant sur les marches du théâtre... Tout ceci est servi par des acteurs exceptionnels, Al Pacino est toujours aussi formidable, Andy Garcia trouve un rôle très fort qui fait vraiment décoller sa carrière, Talia Shire est très émouvante, Eli Wallach excelle en vieux mafioso hypocrite, Sofia Coppola qui a remplacé au dernier moment Winona Ryder, fait de bons débuts sous la caméra de papa... Voila donc une fin de trilogie fastueuse !
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le 6 févr. 2017
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