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Ce suspense psychologique semble un peu oublié de nos jours, c'est dommage car il a marqué à sa sortie et fut un gros succès, il y a donc plein de raisons de le redécouvrir. D'abord, c'est un des derniers bons films de René Clément, ensuite le scénario original écrit par Sébastien Japrisot, auteur également de romans policiers (dont le plus fameux est "Compartiment tueurs") est assez complexe, l'intrigue policière n'est que le prétexte à un processus intérieur chez l'héroïne incarnée par Marlène Jobert, un drame où ce personnage de femme se révèle à elle-même.
Il y a une sorte de duel intérieur étrange entre elle et le personnage de Harry Dobbs, parfaitement incarné par Bronson qui avec son magnétisme de grand fauve, trouve là un bon rôle dramatique de flic fouineur qui ne laissait pas prévoir ses rôles ultérieurs de justicier à Hollywood. Révélé par Il était une fois dans l'Ouest qu'il venait de tourner avec Sergio Leone l'année précédente, il enchaînait avec ce polar étrange alors qu'il était dans une petite phase européenne (en France, Adieu l'ami en 1968, huis-clos où il se frottait à Delon, et où Clément l'a remarqué, en Italie, la Cité de la violence, un poliziesko saignant et violent).
On peut rapprocher le Passager de la pluie de certains films d'Hitchcock, Clément y traite de thèmes similaires comme la culpabilité, l'innocence, l'aveu rédempteur, des obsessions, une dose de suspense, son film a un petit ton hitchcockien mais il offre sa propre vision et ne copie pas Hitchcock, la progression dramatique est bien menée et l'ensemble est très personnel, en apportant une dimension nouvelle et jamais vue dans le suspense dramatique et policier français en 1970.
Le film révéla également le talent d'actrice d'Annie Cordy qui parvient à tirer son épingle du jeu malgré le duo Bronson-Jobert ; pour cette dernière, c'était aussi une vraie révélation, ce film la consacra comme une bonne actrice. C'est d'autant plus méritoire que Bronson avec son fameux magnétisme, son allure mystérieuse de mec qui farfouille et harcèle, phagocyte presque entièrement le film. Le reste du casting permet d'apercevoir Jill Ireland, alors épouse de Bronson à la ville, Jean Piat, Jean Gaven, Corinne Marchand, et comme il y a une co-prod italienne, Gabriele Tinti et Marc Mazza (acteur qu'on retrouvera dans Mon nom est Personne, c'est le mec qui reçoit les gifles tonitruantes de Terence Hill dans le saloon). Un film assez envoûtant et peu commun dans le polar français de l'époque.
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Créée
le 15 juil. 2019
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