"La Fête du feu", "Les Enfants de Belle-Ville", "A propos d'Elly", "Une Séparation"... Aucun doute, l'Iranien Asghar Farhadi aime placer ses personnages face à un conflit insoluble, source d'affrontements perpétuels lui permettant de foncer dans la mêlée. Un bel exemple d'auteur grand public en somme, ce qui explique sans doute l'accueil chaleureux que réservent critique et public à chacun de ses nouveaux projets. Le voilà qui tente aujourd'hui l'aventure à l'étranger avec "Le Passé", choisissant la capitale française comme cadre pour son dernier récit. En l'occurrence, celui d'Ahmad, iranien qui, quatre ans après s'être séparé de sa femme Marie, revient en France pour officialiser leur divorce sans savoir qu'elle pense déjà refaire sa vie avec une autre homme.

Intrigue domestique, histoire centrée sur une poignée de personnages, réalisation voulue proche du réel... A première vue, "Le Passé" ressemble bel et bien à un film de Farahdi. Chose d'autant plus réjouissante sur le papier qu'avec notre homme aux commandes, "Le Passé" promettait d'être une jolie leçon de choses adressée aux drames casaniers et mollassons bien de chez nous. Loin de moi l'idée de faire une généralité mais j'ai eu le triste sentiment que pour sa première expérience française, Farhadi s'est laissé ronger par les tics les plus énervants de notre cinéma, ceux-là même qui font que nos films se traînent la réputation injuste d'être TOUS des productions sans éclat, forcément nombrilistes et chiantes. A savoir : des acteurs qui chuchotent la moitié du temps en tirant une troche de six pieds de long, et un style tellement réaliste qu'il en devient aussi peu intéressant à contempler que le fauteuil de devant.

Vu le talent de Farhadi pour secouer ses scripts et ses acteurs, pour leur insuffler une énergie débordante d'humanité, la non-claque offerte par "Le Passé" a de quoi refroidir. Triste, tant l'auteur était le candidat idéal pour balayer d'un revers de main le style neurasthénique qu'il a choisi d'adopter. Reste une interprétation qui va du solide à l'excellent, particulièrement le génial Ali Mosaffa dans le rôle principal. Pour le reste, j'ai attendu en vain un peu de tension dramatique mais c'était peine perdue à trois scènes près, jusqu'à un final plus embarrassant que poignant pour un film voulu si sobre dans ses effusions.

Résultat : 2h de gens aux visages graves qui se disent des choses graves sur un ton grave. En soi, l'approche aurait pu fonctionner mais le sujet du film appelait de tous ses voeux le traitement instinctif appliqué à "Une Séparation", dont le flot de dialogues n'empêchait nullement l'empathie. De ce style-là, on aperçoit à peine l'ombre ici, les personnages se repliant sur eux-mêmes, pris dans une chape de plomb trop épaisse pour qu'on puisse se sentir concernés faute d'une mise en scène stimulante (le pompon revenant au personnage de l'adolescente, carrément crispant). Le résultat n'est pas non plus une torture du style "Joueuse" avec Sandrine Bonnaire, mais une oeuvre désespérément sage, bien dans ses marques, insignifiante.

Après, je suis peut-être passé à côté vu les avis élogieux dont le film profite un peu partout, mais quand même, je m'attendais à quelque chose d'autrement moins plan-plan...
Fritz_the_Cat
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le 16 juil. 2013

Modifiée

le 19 avr. 2014

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Fritz_the_Cat

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