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Un film propre dans la tradition du film social

Sorti le 17 mai 2013, présenté à Cannes, Le Passé est le sixième long métrage du réalisateur iranien Asghar Farhadi, le premier réalisé entièrement en français, car le réalisateur a dû s’exiler hors de son pays d’origine pour raisons de censure. Après le succès critique et commercial d’Une Séparation, on attendait Farhadi au tournant. Et il a répondu à la plupart de nos attentes.

Le film part d’un scénario assez simple en apparence : un homme (Ali Mosaffa) revient d’Iran pour officialiser son divorce, et il se rend compte que dans la vie de son ex-femme (Bérénice Béjo), rien ne va plus : sa fille Lucie ne rentre plus le soir car elle ne supporte pas son nouveau beau-père (Tahar Rahim), qui a dû mal à s’occuper de son propre fils, et dont la femme est dans le coma à cause d’une tentative de suicide. Chaque personnage possède des ramifications qui le rendent plus profond, plus nuancé. Le film plonge au coeur d’une famille recomposée, et s’interroge sur la possibilité ou non de recommencer une nouvelle histoire. Le film nous fait plonger dans la réalité, dans le refoulé, dans ce que la société et les familles ne veulent pas montrer. En ce sens là, je rapprocherais ce film de la production du superbe Ken Loach, qui a fait du regard sur les misères en tout genre le pain béni de son cinéma engagé. Ainsi, on plonge au coeur du travail : pharmacie pour Bérénice Béjo, pressing pour Tahar Rahim, puis dans l’arrière d’un restaurant, et dans la ville résidentielle de Sevran, et son rapport à Paris.

La première chose qui marque, c’est que rien ne fonctionne : la valise d’Ahmad se casse durant le voyage ; le poignet de Maie est cassé : dès le début, il pleut à torrents ; la peinture sur le mur tache tous les personnages. Dès les premières scènes, nous savons que rien ne va. Et l’on plonge au fur et à mesure du film dans le passé des personnages, découvrant de plus en plus de détails, les mensonges, les non-dits. Si la première partie du film met en place les personnages et leur psychologie, la seconde partie nous tient en haleine par ses retournements de situation, ses découvertes qui se succèdent à chaque scène. J’irai jusqu’à dire que la fin est excellente, avec les deux moments élevés de la dispute entre la mère et la fille, puis la scène finale entre Samir (Tahar Rahim) et son ex-femme à l’hôpital. La dernière image est la poignée de main, qui ne résout rien, mais qui montre que l’on n’échappe pas à son passé, pour le meilleur et pour le pire. La réalisation excellente. Pour ce qui est du jeu des acteurs, je dois avouer que je n’ai pas d’affinités avec Bérénice Béjo, qui me semble plate et d’un jeu sans grand intérêt (c’était déjà le cas pour The Artist, bien qu’elle ait eu un César pour son rôle). Elle n’est pas trop mauvaise non plus, mais bon. Ali Mosaffa et Tahar Rahim sont en revanche très très forts, tout à fait crédibles. Les enfants sont également très forts, “de bons ptits gamins”.

Je pense que ce film mérite largement un prix à Cannes. Pas la Palme d’or, parce qu’il n’y pas non plus une portée immense, ni de grandes innovations, mais ça mérite bien un Grand Prix ou un Prix du Jury. Très bon film.
Clment_Nosferalis
7

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Créée

le 28 déc. 2013

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