A la cour du tsar Paul 1er, les intrigues de palais, l'exotisme slave tout en costumes militaires, et quelques clichés romanesques (telles les amours entre l'héritier du trône et une roturière candide) annoncent peut-être une de ces "russeries" à la française, florissantes dans le cinéma des années 30. Et dans sa succession de scènes d'intérieur, la mise en scène de Maurice Tourneur n'est certes pas emballante.
Mais le cinéaste, traitant d'un tsar atteint de démence, dispose en Harry Baur et Pierre Renoir de deux superbes interprètes. Le premier, sur le mode de l'outrance et de l'extravagance, tour à tour bonhomme et excécrable, montre une inspiration et un jeu imaginatifs, modernes. Harry Baur donne au rôle de Paul 1er une réelle étoffe, du charisme. Le second, Pierre Renoir, dans le rôle du gouverneur du tsar, s'impose par sa sévérité et sa gravité.
La relation entre ces personnages historiques constitue l'essentiel du sujet et son intérêt majeur. Où l'on voit Palhen comploter pour le bien de la Russie, un devoir de patriote qui lui fait néanmoins éprouver de la culpabilité tandis que le tsar continue de lui accorder son amitié et sa confiance. Dans ce registre, et précisément grâce à ce registre, le film de Tourneur atteint par moments une estimable profondeur dramatique.