Pour peu que l'on apprécie l'automne, Johnny Cash et la campagne américaine, Le Pays de la Violence constitue un divertissement de choix. On y suit le shérif d'un village du Tennessee, campé par le toujours excellent Gregory Peck, blasé par sa vie quotidienne et par ses concitoyens qui ressemblent plus à des cadavres ambulants qu'à des êtres humains. Emprisonné dans une vie qu'il n'aime pas, ce sera la rencontre avec une jeune fille en fleur qui le sortira de sa torpeur. On aurait presque l'impression d'être dans La Belle au dormant version redneck.
Toutefois, la suite n'est pas aussi féerique puisque la belle demoiselle fait partie d'une famille de bootleggers (contrebandiers d'alcool) qui vont tenter de corrompre notre shérif via les charmes de leur fille.
Derrière cette intrigue, se cache avant tout la volonté du réalisateur John Frankenheimer de présenter le Middle West, une zone sauvage paupérisée des Etats-Unis. À l'époque, cette région le fascinait car, bien qu'elle était coupée du monde et de la modernité, c'est elle qui permit à Richard Nixon d'accéder à la présidence grâce aux nombreux votes de ses habitants.
On se retrouve ainsi avec un film nous montrant un héros en pleine quête introspective arpenter les terres boisées du Tennessee. C'est l'occasion de ballades mélanco(buco)liques où la misère des baraquements côtoie la beauté automnale. Ces séquences presque contemplatives sont accompagnées d'une bande-son composée par Johnny Cash himself. Chaque morceau correspond d'ailleurs à la pensée intérieure du héros, ce qui offre un degré de lecture assez intéressant.
Un très beau film automnal !