Herzog a le don pour trouver des gens comme ça, des gens totalement hors du monde. Ici, ces gens là ne s’apercevraient pas même pas qu'une guerre mondiale venait d'éclater. Il s'intéresse à des gens qui sont à la fois aveugles et sourds. Je pensais bien que ça existait mais je ne m'étais jamais posé la question de comment ces gens la vivent, comment ils communiquent... et quelle horreur... si le film a des scènes incroyablement belles, notamment au début, lorsque la femme part faire un tour en avion, elle ne voit rien, mais regarde par la fenêtre malgré tout, tape dans ses mains, est toute excitée, pendant qu'on lui raconte en écrivant dans sa main ce qu'elle est censée voire. C'est absolument déchirant.
Mais le pire est à venir, car si la personne à laquelle on s'intéresse en particulier dans le film parle, car elle a perdu l'audition que durant sa jeunesse, on voit des gens nés réellement sourd-aveugle... On voit comment on leur apprend à parler, c'est juste horrible, pauvres gens. Ils sont obligés de tâtonner pour réussir à sortir un son.
On voit surtout à quoi ressemble un gamin dont on ne s'est pas occupé, incapable de manger solide, de parler, il braille, il fait juste une sorte de bruit de pet avec sa bouche tout en se traînant par terre car il n'a pas appris à marcher. Lorsque la femme que l'on suit durant le film va le voir, elle se comporte avec lui comme on se comporterait avec un enfant de deux ans... voire avec un chien... La question de l'humanité se pose... biologiquement c'est un humain... mais socialement ?
Plus tard on voit un type abandonné, né sourd qui a perdu la vu et qui a désappris à parler et à écrire, qui ne reconnaît plus ses frères, qui vit avec des vaches. Comment peut-on en arriver là ?
Le film arrive à capter ça, avec une grande beauté... et ça en devient juste déchirant. Herzog a réussi, encore une fois, à filmer des gens qu'on ne voit pas, à filmer les absurdes bizarreries de l'humanité.