Après la découverte de l'influence italo-néoréaliste dans "Le Quartier du corbeau", voilà tout aussi clairement celle de la Nouvelle Vague française à l'occasion du tout premier long-métrage de Bo Widerberg. Toutes les cases ou presque sont cochées, avec la vie d'une jeune femme un peu paumée dans sa vie, la grande liberté de mise en scène, la musique imprégnée de Jazz qui accompagne tous les mouvements, et ces manifestations récurrentes d'une improvisation de la part des acteurs. La Suède des années 50 (les décors sont ceux de Malmö ici aussi) se dévoile au travers des pérégrinations sentimentales d'une jeune ouvrière, Britt larsson, au gré de ses rencontres avec quelques hommes et de plusieurs déconvenues.
En termes de références plus ou moins explicites, il y a bien sûr le Godard de "À bout de souffle", mais aussi le Cassavetes de "Shadows" et tout un pan du free cinema anglais de la même époque, formant une toile de fond sur laquelle vient s'intégrer quelques particularités locales. À commencer par le personnage interprété par Thommy Berggren, fidèle du réalisateur, qui joue ici un jeune bourgeois cultivé avec qui la protagoniste aura une relation en deux temps, et dont les apparitions / disparitions frappent par leur spontanéité. La thématique de la maternité occupe une place centrale dans "Le Péché suédois", Britt tombe enceinte involontairement et décide de garder l'enfant malgré le désintérêt total qu'elle porte au père musicien.
Une curiosité plutôt éloignée de ma zone de confort, sur le plan de la narration (très Nouvelle Vague, donc), qui sillonne le parcours d'une émancipation délicate pour la jeune femme pleine de candeur. L'adhésion au travail esthétique m'est beaucoup plus instinctive, grâce au travail de Jan Troell (futur réalisateur du diptyque "Les Émigrants" / "Le Nouveau Monde") au niveau de la photographie monochrome — rejoignant le fond avec notamment la place du lustre.