Haa, ces bons vieux films de Noël, de ceux qui titillent la magie des fêtes dans les écrans pour rendre le monde meilleur, pour les petits et les grands.
Ces Martiens qui kidnappent le Père Noël, ce sont aussi des êtres assez loin de la féerie des fêtes sur Terre. Ils veulent apporter à leurs enfants plats et las, un peu de cette joie de vivre, de cette gaieté innocente dont ils ont été privés.
Que c’est beau !
Oh que c’est mauvais, en fait.
Mélangeant le film de science-fiction ringard et le film de Noel sucrailleux, Santa Claus Conquers the Martians de son petit nom original est un beau ratage, de ceux qui ne laissent pas indemnes.
Peut-on en rire alors ?
Oh oui.
Tout son appareillage extra-terrestre est fauché et mal fait. Ces Martiens portent ainsi des casques à antennes et tuyaux, portent des pyjamas bleus ou vert trop moulants et ont le visage et les mains recouverts d’une suie colorée mal étalée. Leurs intérieurs ou leur fusée sont construits en cartons, avec quelques babioles récupérées à la quincaillerie du coin : des leviers, des ampoules, un peu de câbles, et le tour est mal joué.
Nous avons même droit à un robot en excursion pour aller capturer le Père Noël, un pauvre acteur au costume en tôle et en carton, une grande boîte de conserve aux mouvements patauds. Et même un ours polaire en balade, ou plutôt une fois encore un comédien dans un mauvais costume.
Heureusement pour nous, ces Martiens parlent anglais, les inscriptions sur leur vaisseau sont tous écrits dans cette langue, et ils ont la même manière de décompter le temps que nous. D’ailleurs, avec des noms comme Kimar, Voldar, Girmar ou Momar, est-ce que ce ne seraient pas plutôt des Norvégiens sortant d’une fête costumée et qui nous font une sale blague ?
Mais non.
C’est sérieux.
La fantaisie de Noël est bien là, avec son débonnaire représentant en culotte rouge, toujours positif. Les Martiens ne pensent pas à mal, ils ne veulent que le bonheur de leur enfant. Seul un grand méchant vindicatif et porteur de moustache s’y oppose, statuant que les enfants n’ont pas besoin de jouets, que la société martienne doit rester forte et militaire. Un militariste et conservateur indiqué avec de grandes flèches autour de lui comme le vrai méchant de l’histoire, contre la magie de Noël.
Elle se retrouve ici et là, avec le Père Noel bien sur. Mais aussi par un aperçu de son atelier au Pôle Nord qui nous rassure, tandis que son nouveau lieu de travail sur Mars, un peu forcé, mécanisé mais un peu loufoque qui amuse. Et même si elle est involontaire, cette grandiloquence martienne pour présenter au spectateur des effets spéciaux assure quelques sourires.
Mais que c’est mou. Le tout est filmé sans aucun dynamisme, avec une léthargie qui vise probablement à endormir le spectateur et lui faire oublier ses défauts. La mise en scène est transparente, sans qualités, le plus platement fonctionnelle possible, sans aucune inventivité. Les personnages ont leur place, ils ont leurs dialogues, et c’est tout.
Et pour être sur que les enfants comprennent bien, chaque action ou presque est expliquée, parfois avant qu’elle n’arrive, chaque situation est commentée par un des personnages, quand ce ne sont parfois pas les dialogues qui sont répétés par un autre. Le film est bavard, pour ne rien raconter de plus. Tout doit être clair, alors que l’intrigue simpliste se suffit pourtant à elle-même. L’intelligence du spectateur ne semble pas être bien haute auprès des décideurs du film. En plus le doublage français est une catastrophe, récité d’un ton monocorde, comme si cela ne suffisait pas.
Les moments les plus trépidants sont quand même des images des forces armées américaines, probablement louées ou prêtées par le gouvernement à qui en faisait la demande pour exprimer la réactivité de ses troupes, avec des fusées qui décollent ou des avions qui virevoltent dans les airs. Alors quand il faut revenir au cockpit mal bricolé d’un vaisseau spatial où les acteurs font semblant de bouger pour imager un choc, c’est rude.
Ces acteurs jouent de toute façon assez mal, sans grands efforts. On devine que pour les comédiens en Martiens, le tournage dut être difficile, pour leur honneur blessé. Ils n’ont guère envie d’être là, et on ne peut que les comprendre, mais bon, faut bien manger. Les enfants impliqués ne font guère mieux. Mais on y croise tout de même une jeune Pia Zadora, qui chantera plus tard son tube When the Rain Begins to Fall avec Jermaine Jackson. John Call qui interprète le Père Noel cabotine, mais reste malgré tout bien au dessus de la moyenne générale.
Quel drôle de mélange, et il aurait pu être magnifique, dans sa grandeur ou son échec. Il est plutôt dans le deuxième cas, mais d’un tel rythme et si mal joué que l’attention de l’amateur de nanar est régulièrement assoupie. Découvrir cette curiosité amuse tout autant qu’elle endort. Et puisque le film est entré dans le domaine public, il n’est guère difficile de le trouver. Il a été édité en France sur DVD par Bach Films mais l’image est pateuse et les couleurs passées, nuisant probablement à certaines scènes plus fantaisistes.
Depuis sa sortie et pour les raisons déjà citées cette étrange production est devenue depuis un classique des mauvais films, culte pour certains. Il fait ainsi partie du bas du classement des films notés sur le site de référence IMDB, le fonds du trou, à côté de navets ou nanars tels que Birdemic, House of the Dead, Le fils du Mask, Dragonball Evolution, et tant d’autres.