Tourné au lendemain de la guerre et de l'humiliante Occupation, le film n'est évidemment pas sans arrière-pensée
politico-patriotique. Ce portrait édifiant d'un "père tranquille" derrière lequel se cache un résistant aussi héroique que modeste, propose au Français un discours consensuel, complaisant et rassurant, sur la France qui fut résistante comme chacun sait. Certes, il y eu de mauvais français
-le collabo du film est d'ailleurs éliminé sans autre forme de procès-
mais il y eut surtout des Monsieur Martin (patronyme passe-partout qui n'est sans doute pas un hasard), incarnations de la France profonde qui n'abdique pas. Rien d'emphatique cependant ni de sentencieux dans ce film que la fantaisie de Noël-Noël détourne de la gravité de la période.
Résolument optimiste, le film de René Clément (souvent commis au films patriotiques de l'après-guerre) présente, donc,
Noël-Noël dans un rôle double où il est tour à tour le chef d'un réseau et un père de famille timoré sagement converti à la botanique. Et s'il abuse longtemps les siens, ce n'est pas sans quelques oeillades ou sous-entendus appuyés à l'adresse du spectateur. Il reste que ces scènes de vie de famille, comme celles relatives aux missions du commandant Martin, constituent des péripéties pas très singulières et plutôt convenues. C'est la faiblesse principale d'un film au demeurant sympathique.