Quand vient la question du Teen Movie, il est clair que nous autres "fromages qui puent" sommes bien en peine de citer un titre hexagonal qui entrerait dans cette case de divertissement populaire dont la qualité semble se dégrader de décennie en décennie. Là où nos copains les ricains cultivent depuis bien longtemps le mythe de la jeunesse et peuvent se targuer de posséder dans leur patrimoine cinématographique quelques titres de qualité bien au dessus du "ras des pâquerettes" ordinaire, c'est non sans peine que nous pourrons citer un film français quelconque sans en éprouver une certaine honte, partagée entre l'évidence d'une qualité moindre et le plaisir coupable du film de jeunesse...
Et pourtant, voilà que Cedric Klapisch se voit proposer ce projet produit pour Arte sur la jeunesse d'antan. Un téléfilm bien produit, que le réalisateur de "Riens Du Tout" va écrire avec deux de ses copains du lycée, mélant ainsi nostalgie et souvenirs à l'humour potache. La structure du film fonctionne comme un sempiternel flashback commun entre les quatre personnages se retrouvant à l'Hôpital pour la naissance de la fille de leur camarade du lycée mort récemment d'une overdose.
Loin de sombrer dans le pathos, Klapisch préfère s'attacher aux souvenirs d'une jeunesse révolues. La Lycée, les filles, le flipper, la drogue, l'AS Saint-Etienne et bien sûr...le Bac. La fresque est portée par un club des cinq en pleine forme, révélant Duris et Elbaz, grace à des rôles à la fois drôles et intéressants.on retrouve quelques seconds rôles très drôles, le genre qui font toujours plaisir à voir, comme Jackie Berroyer en pilier de bar attaqué aux Acides. Se jouant des clichés de la contre-culture post-soixante-huit-arde ambiante de l'époque, Klapisch parvient à dépeindre une forte amitié adolescente, à la fois juste et touchante.
Les répliques font mouche et desservent parfaitement un récit s'essoufflant légèrement vers la fin. Essoufflement succint, loin d'être des plus gênant pour un petit film à la fois sobre et hilarant, dont la bande originale, compilation de titres des années 60-70, passe pour un sans faute, variant du pire de la variété française au meilleur du rock.
Klapisch réalise un film culte sur un ton humoristique, le film malgré son âge et son manque de moyen est on ne peut crédible, et fonctionne toujours car...Au fond rien n'a changé.