Alors voilà, je mets 8 à un film "générationnel", un nom pour dire teenage, cliché, bobo, tendre, tout ça à la fois. Et j'assume ma note surélevée. Car si d'ordinaire je dégaine mes arguments tranchants et mon sarcasme impitoyable, cette fois j'ai failli. J'ai failli devant cette histoire somme toute banale d'une bande de petits branleurs pas méchante, juste un peu perdue. Au fond, l'histoire n'a pas changé, Musset la racontait déjà en son temps : les Romantiques s’ennuyaient, arrivés après la Révolution Française et ses grands idéaux à défendre ; les jeunes de Klapisch ont vu passer Mai 68 dont il ne reste désormais que de vagues réminiscences.
Si l'histoire du Péril jeune n'échappe pas aux clichés du film adolescent, il m'a néanmoins semblé que le film évitait le propos moraliste sous-jacent à un grand nombre de long-métrages soulevant la question de la drogue et du temps qui passe. C'est au contraire la nostalgie d'une époque révolue et l'affection immense de Klapisch pour la jeunesse qui transparaît à travers cette candeur qui se dégage du film et ce, à travers l'écriture des personnages mais aussi, finalement, à travers la piètre réalisation qui montre un amateurisme participant à ce sentiment.
Mais si le film m'a autant touché, c'est surtout parce qu'au fond, je crois que Le Péril jeune, c'est aussi l'histoire d'hommes à qui la virilité sied mal. Cette mise en image d'un groupe de jeunes ados qui n'a pas vu venir la mort de leur copain ne dit rien d'autre que cette difficulté, quand on est jeune, et à fortiori un homme, de montrer sa sensibilité, de laisser apparaître ses blessures. Alors à la place, on joue le gros dur, on se raconte des jolis mensonges entre potes, on part à la chasse aux sensations fortes parce que comme le dit cette magnifique chanson de Barbara utilisée dans le film : "Que c'est beau les voyages qui effacent au loin nos larmes et nos chagrins", et que quoi qu'on puisse dire, les drogues récréatives en sont une forme.
Ce film pourrait être considéré comme féministe. Non pas car il défend spécifiquement la cause des femmes, mais parce que même s'il est question de cul et de qui a envie de se taper qui, il m'a semblé que les mecs passaient plus de temps à fantasmer qu'à faire. Les femmes - Marie, Christine, Sophie ou encore Barbara - sont fortes, intelligentes, politisées, n'hésitant pas à prendre les devants sentimentalement là où les garçons tels Léon, Momo, Tomasi, peinent à endosser le rôle auquel leur sexe les astreint.
En somme, Le Péril Jeune est une bonne comédie française qui renverse quelques codes au passage. Et puis, soyons honnêtes, si le film est cliché, on a tous connu un Tomasi.