Un Mann mineur, oui, sans nul doute... mais un Mann tout de même. Les blagues un peu lourdes et les allusions grivoises surprennent d'abord un peu et l'on comprend que Mann s'essaie à la comédie, parfois drôle. Puis on passe au drame familial, puis au film social, puis à l'apologue... Voilà un drôle de mélange d'éléments qui se succèdent plus qu'ils ne se fondent. Le scénario signé Yordan mais écrit par Ben Maddow, aurait sans doute mieux convenu à Huston et ce mélange alternant comédie et film social a été mieux réussi par d'autres comme Preston Sturges (Sullivan's travels). Anthony Mann, malgré tout son talent, ne parvient pas à faire prendre sa mayonnaise.
Cependant, le film vaut tout de même le coup d'oeil. Pour Robert Ryan, excellent en vieux Ty Ty. Pour Tina Louise, magnifique femme que tous les hommes se disputent (comme dans "La chevauchée des bannis" un an plus tard, film dans lequel elle joue la maîtresse de Ryan, alors qu'elle joue ici sa bru). Pour certains plans dont seul Mann a le secret et pour certaines scènes éparses extrêmement réussies dont cette rencontre nocturne entre Tina Louise et Aldo Ray magnifiquement montée et mise en scène qui justifie à elle seule la vision du film. La scène du retour de l'éléctricité à l'usine est réussie également. La musique de Bernstein, même si elle est parfois un peu à côté de la plaque, est une merveille d'élégance.
Ce film est donc forcément une déception pour les amateurs des grands films d'Anthony Mann mais également une curiosité conseillée pour son étrangeté même.