Dans l'univers des films interprétés par Louis de Funès (univers qui comporte, avouons-le, pas mal de réalisations pour le moins moyennes, voire même carrément mauvaises), deux films pour moi surnagent : les Aventures de Rabbi Jacob et Le Petit Baigneur.
Et qu'est-ce qui fait la qualité de ces deux œuvres ?
La présence d'un réalisateur.
D'un vrai cinéaste, pas comme Jean Girault (qui a commis les Gendarmes, qui creusent de profondes strates dans les sous-sols de la comédie française) ou André Hunebelle (qui est responsable des Fantômas, où, là, on touche carrément le fond).
La qualité du petit Baigneur vient des retrouvailles de De Funès avec Robert Dhéry. Retrouvailles, parce que De Funès avait rejoint la troupe des Branquignols dès les années 50, donc lui et Dhéry étaient déjà de vieilles connaissances.
Et faire de Dhéry le réalisateur de ce film fut un grand pari, et une belle réussite. Le rythme est rapide, les gags s'enchaînent sans temps morts. Mais surtout il y a une capacité à aller le plus loin possible dans les situations, à exploiter les gags avec la volonté d'en tirer le plus de plaisir possible.
Et les situations parfois déjà vues (le tracteur en folie, par exemple) deviennent des gags mémorables parce qu'ils sont traités avec talent et rythme. Certaines scènes sont absolument hilarantes, comme Notre-Dame-des-courants-d'air ou la cabane flottante.
De plus, Dhéry a l'esprit d'équipe, et ça se voit. Du Funès, bien entendu, reprend son rôle fétiche, celui du personnage irascible qui va être obligé de maîtriser sa mauvaise humeur légendaire pour remporter un contrat avec l'employé qu'il vient de virer à coups de pelle. L'acteur déploie une énergie de chaque instant, que ce soit sur un tracteur, dans un kayak et à grimper les escaliers d'un phare.
Même si le film repose beaucoup sur le talent de De Funès, le cinéaste sait exploiter les autres acteurs. Alors, Galabru en fait certes trop pour être vraiment drôle, mais Jacques Legras est savoureux, et quel bonheur de voir, même deux minutes, l'immense Pierre Dac !