André Castagnier,concepteur de bateaux aux chantiers Fourchaume,est viré par son irascible patron,lequel tente ensuite désespérément de le récupérer lorsqu'il apprend qu'un de ses prototypes a reçu un prix et vaut désormais une fortune.Avant dernier-film écrit et réalisé par Robert Dhéry,créateur et leader de la troupe des Branquignols,"Le petit baigneur" sent la fatigue,notamment en ce qui concerne son scénario pourtant cosigné par une tapée de rédacteurs comprenant le réalisateur de deuxième équipe Claude Clément,le monteur Albert Jurgenson,plus Pierre Tchernia et les comédiens Michel Modo et Jean Carmet qui ne jouent d'ailleurs pas dans le film.C'est une coproduction franco-italienne impliquant les Films Corona,rien à voir avec le virus,et deux sociétés romaines,le directeur de prod étant le célèbre Robert Dorfmann.La musique guillerette et pas terrible est l'oeuvre de Gérard Calvi,vieux complice de Dhéry,et la belle photo nette,colorée et lumineuse de Jean Tournier exploite bien le procédé Eastmancolor pour mettre en valeur de superbes paysages méditerranéens,principalement situés dans la région Languedoc-Roussillon.Hélas le film souffre d'une absence de rythme très pénalisante,et les scènes,parfois drôles et parfois moins,sont démesurément étirées au point d'en altérer l'efficacité comique.Les séquences n'en finissent pas,qu'il s'agisse de celles du phare,du tracteur ou de la cabine flottante,et la mise en scène manque de punch.Quant au script,il se réduit à un week-end de poursuite durant lequel Fourchaume et un concurrent italien poursuivent sans répit Castagnier,tous deux voulant lui faire signer un contrat,et même cet argument squelettique disparait vite au profit d'une enfilade de scènes burlesques,souvent très amusantes,reposant sur des gags visuels et des bruitages.Les personnages courent dans tous les sens et se heurtent constamment à des problèmes mécaniques amplifiés par la profusion d'inventions techniques créées par André.Beaucoup de soin et d'imagination ont été apportés à cet aspect de l'entreprise,chaque scène recelant un luxe de détails loufoques assez rigolos mais effaçant largement la caractérisation de protagonistes sans grande profondeur qui ne sont là que pour s'agiter un peu stérilement.Cette ambition burlesque aurait pu fonctionner si le tempo avait été plus soutenu,mais là ça rame,dans tous les sens du terme,d'autant que l'histoire est peu compréhensible,la légitimité des uns et des autres à se comporter comme ils le font étant douteuse et leurs buts aléatoires.Fort heureusement Louis de Funès est là pour nous servir son numéro déchaîné de patron colérique,hypocrite et de mauvaise foi,prêt à toutes les bassesses pour atteindre son objectif,la quête obstinée de Fourchaume offrant un terrain de jeu idéal à son génie comique.Dhéry,qui a toujours été un acteur sans grand charisme,parait inexistant face au monstre Fufu,et son épouse Colette Brosset,qui joue ici sa soeur,confirme qu'elle est une bien piètre comédienne,contrairement à la belle Andréa Parisy pourtant sous-employée dans le rôle passif de l'épouse docile de l'industriel.Franco Fabrizi est,coprod oblige,le rital de service,emploi caricatural d'escroc dragueur dans lequel il semble fort peu à l'aise,peut-être à cause de la barrière linguistique,et évolue à un niveau très inférieur à ce qu'il montrait dans son pays,notamment chez Fellini.On voit surgir ponctuellement les bons seconds couteaux d'antan,Michel Galabru en trompettiste estropié,Pierre Dac en ministre impassible,Jacques Legras en curé cupide,Pierre Tornade en gardien de phare décontracté,Robert Rollis en marin sinistré,Henri Genès,énorme en paysan à l'accent méridional imbitable et Max Montavon le cul à l'air dans une cabine de douche.Un certain nombre d'intervenants du film sont issus des Branquignols:Dhéry et Brosset bien sûr,mais aussi de Funès,Calvi,Carmet,Legras,Tornade et Rollis.