Bon, je vais commencer en enfonçant une porte ouverte mais comme une grande partie des millenials, Petit pied et ses copains ont accompagné mon enfance et je l'ai probablement vu 500 fois.
J'ai dû cesser d'être obsessionnelle vers 8 ans, je l'ai revu une fois par nostalgie vers 22 ans, je le regarde tous les jours en ce moment... avec ma fille de 3 ans.
Peut-être est-ce parce que je lui ai dit que c'était - quand j'étais petite - mon dessin animé préféré, mais c'est aussi devenu le sien. Peut-être est-ce tout simplement parce que c'est un chef d'oeuvre, sans aucune maladresse, mettant en scène avec subtilité tous les éléments nécessaires au voyage iniatique. Et les enfants ont bien plus de jugement esthétique que ce que l'on pourrait penser.
Il faut dire aussi qu'on se marre bien avec Becky, Pointu et Petrie. Petit pied et Cera sont un peu relous mais le passage où Cera revient en force pour aider ses amis à faire chuter Dents tranchantes m'émeut autant que l'arrivée de Gandalf et des cavaliers du Rohan au gouffre de Elm.
Tout y est, en fait et parfaitement imité : valeurs nobles (courage, solidarité, amitié), caractères humains (peur, orgueil, jalousie) ; l'antagoniste est effrayant sans être traumatisant (perso gamine j'étais plus traumatisée par le "monstre de pétrole (?)" que constituent les copains et qui effraie Cera).
Mais, surtout et comme souvent dans les récits d'apprentissage, la mort est mise en scène, celle de la mère de Petit pied ici en l'occurrence, ce que les psychologues de l'enfance considèrent comme une excellente chose pour le développement psychique de l'enfant et la constitution de son autonomie.
Ma fille ne comprend pas encore - bien sûr - ce que "la maman de Petit pied est morte" signifie. Lorsque cette dernière s'adresse à lui sous forme d'esprit et ange gardien, je sens qu'elle comprend que ce n'est pas son être physique, jusqu'à la fin du film où elle est persuadée que Petit pied la retrouve...
Je ne le cache pas, en tant qu'enseignante de philosophie, je me demande si je devrais être plus directe et m'acharner à lui expliquer qu'elle ne reviendra PAS, mais qu'elle sera toujours dans son coeur. Sans la bouleverser de mon matérialisme. Je suppose que je dois juste laisser le temps et la conscience faire son affaire.
Ce qui m'émeut le plus et que je souhaiterais qu'elle comprenne - mais je me retiens de lui dire, je sais que je suis trop pressée et anxieuse à ce sujet - c'est que les mères ne sont pas éternelles. J'ai perdu la mienne lorsque j'avais 9 ans, c'est pour cela que lorsque j'ai revu ce film d'animation à 22 ans, j'ai pleuré sans discontinuer. Et encore aujourd'hui mes yeux sont humides chaque fois que la maman s'éteint.
Toutefois et parfait accord avec le propos du film : on peut se remettre du tout, y compris de l'orphelinat prématuré.
J'ai été forte et courageuse comme Petit pied même si je n'ai pas encore atteint la vallée des merveilles. A moins qu'elle ne soit là dans mes bras.