La tête hors de l’eau, surfant sur la vague
Peut-être est-ce essentiellement dû à sa jaquette éminemment sympathique, mais je gardais un agréable souvenir du cinquième opus du Petit Dinosaure, l’Île Mystérieuse. Est-ce en partie pour cela que j’ai tant tardé à m’y lancer ? Après la sérieuse décroissance qualitative amorcée par le Voyage aux Pays des Brumes, cet opus-ci allait-il réussir à remonter la pente ? Malgré un pitch alléchant, ce n’était pas gagné d’avance.
Roy Allen Smith, le réalisateur des opus 2 à 4, laisse donc sa place à Charles Grosvenor, un réalisateur complètement nouveau, qui accompagnera la série jusqu’à son extinction. Pour le meilleur ou pour le pire, cela reste à déterminer. En attendant, Grosvenor a semble-t-il investi de sa personne dans cet épisode, ce qui en soi n’est déjà pas si mal.
Nos héros se retrouvent donc comme toujours à brouter paisiblement dans la Grande Vallée. Mais comme à chaque fois désormais, un élément perturbateur viendra semer le chaos : les « mangeurs de feuilles » (comprendre des nuées de crickets – mais des criquets préhistoriques hein, de 20-30cm) s’abattent sur le havre de paix de nos pauvres dinos, et dévorent absolument toute leur nourriture. Forcés de s’exiler, les troupeaux finiront comme d’habitude par se fritter, irrités de ne tomber que sur des terres préalablement dévastées par le fléau. Pour éviter l’éclatement du groupe, Petit Pied et ses potes ont donc la riche idée de partir ensemble en éclaireur afin de trouver à manger. Une noble intention qui se soldera par la découverte de « la Grande Mar » (l’océan), une excellente idée qui n’avait pas encore été exploitée au sein de la série. Mieux encore : au milieu de cet énorme point d’eau non potable se trouve une presqu’île verdoyante… sur laquelle ils se rendront, juste avant que le chemin ne soit détruit par un tremblement de terre (encore un tremblement de terre ?! c’est pas de bol, quand même).
L’Île Mystérieuse est donc avant tout une aventure. Contrairement aux opus précédents, ce cinquième épisode n’a pas réellement de visée ou de morale particulière : c’est un simple bon divertissement. Oui, bon. Car si encore une fois – et pour toujours m’est avis – on est à des centaines de milliers de kilomètres du chef d’œuvre originel, on se retrouve tout de même avec un dessin animé très mignon, souvent drôle et parfois un tantinet épique. Episode partiellement aquatique oblige, le bestiaire évolue, de même que les environnements, bien que j’ai trouvé ces-derniers un peu moins inspirés que d’habitude, et donc pas forcément toujours à la hauteur de leur potentiel. Les chansons sont quant à elles mignonnes et sans prétention, toujours pas spécialement utiles selon moi, mais c’est mieux que la lourdeur de celles du quatrième épisode.
J’ai donc passé un bon moment devant ce Petit Dinosaure (incluant un sérieux fou rire à un moment). Néanmoins, force est de constater que même en renouvelant autant l’environnement, les péripéties et la structure de la série arrivent à leurs limites (si ce n’était déjà fait avant). Si l’émancipation parentale est une thématique assez présente, de même que l’amitié et la différence, ce sont des éléments qui avaient été abordés auparavant. Les péripéties sont également peu originales, et ce même si elles fonctionnent : en somme, Grosvenor a pioché un peu tous les ingrédients des longs-métrages d’Allen Smith pour les mélanger et les assaisonner à sa sauce. En résulte un épisode agréable, mais convenu.
Dernière chose : c’est impressionnant comme depuis 4 épisodes les extraits de la musique originelle de James Horner réutilisés éclipsent totalement les semblants de compositions musicales créées exprès pour lesdits épisodes. Là encore, on dirait que la production n’envisage même pas d’essayer de faire mieux – ou équivalent. En même temps, il ne valait probablement mieux pas pour eux qu’ils essayent. Dommage néanmoins que ces samples ne soient pas toujours adaptés aux situations, mais forcément, James Horner n’a pas composé ses tracks pour ça à la base…
Au final, eu égard de son environnement marin et de mes souvenirs j’attendais peut-être un peu plus de l’Île Mystérieuse. Reste une sympathique et mignonne aventure, sur laquelle il serait dommage de faire l’impasse si tant est qu’on soit un minimum attaché à la série.