Troisième épisode des aventures de Petit Pied, la Source Miraculeuse avait été une bonne surprise. Humble et mignon, il se rapprochait (de très loin) de ce qui faisait la magnificence du premier épisode. C’est donc avec un certain espoir que je me suis lancé dans ce quatrième opus. Espoir vite détruit : Voyage au Pays des Brumes n’est qu’une triste redite, moyenne qui plus est, des épisodes précédents. Explications.

Le postulat de départ est pourtant loin d’être inintéressant : les temps changent et le climat avec. Certains dinosaures sont donc obligés de devenir nomades et de migrer. Ainsi un troupeau de long-cous est amené à débarquer dans la Grande Vallée, guidé par leur vénérable chef, une vieille long-cou. Ces dinosaures du voyage (la métaphore n’est jamais cachée, au contraire) sont accueillis à bras ouverts, et racontent leur histoire : la pluie s’est mise à tomber sur leur pays, transformant leurs terres en un marécage invivable où sont apparues moult créatures peu fréquentables. Pendant ce temps, le Grand-Père de Petit Pied tombe très sévèrement malade. Le seul remède connu est, d’après la vieille long-cou, la fleur de la nuit, plante poussant… au Pays des Brumes, i.e. le marécage fumeux des dinosaures nomades.

Ni une ni deux, Petit Pied (qui semble avoir rajeuni dans cet épisode, fuck logic) se lance à la recherche desdites fleurs. Sauf qu’il décide de ne pas partir avec ses amis de toujours, mais avec une jeune long-cou nommée Ali (Ali Ali el Magrebi – Pardon, mais cet air ne m’a pas quitté du film).

S’ensuivent alors moult péripéties, comme toujours, sauf que cette fois tout est plus ou moins repompé les films précédents : tremblements de terre, duo de méchants, Céra qui fait sa crise d’ado, réconciliations pompeuses… Oui, pompeuses. Là où Petit Pied était auparavant toujours mignon, il devient ici terriblement gavant. Déjà, comme dit plus haut on dirait qu’il a rajeuni, non seulement via son dessin, mais surtout à cause des péripéties : il passe son temps à rigoler comme un débile et à avoir des réactions enfantines qu’il n’avait plus dans l’épisode précédent.
Plus que jamais, on sent que cet épisode ne cherche rien d’autre qu’à être un dessin animé pour gosses. Roy Allen Smith, qui a pourtant réalisé les deux précédents épisodes, a l’air de n’avoir rien compris au Petit Dinosaure. Ou peut-être qu’il essaye de s’en débarrasser, à l’image de Core Design avec Tomb Raider 5…

Encore, si ce quatrième opus n’était qu’un dessin animé pour enfant lambda, ça irait, mais il est en sus souvent ridicule, à l’image de ce duo de méchants : un crocodile affamé et un oiseau carnivore. Pourquoi pas ? Reformulons plutôt : une femelle crocodile aveugle avec 2 de QI associé à un oiseau nommé Riquiqui complètement crétin qui lui sert à repérer ses proies. Un duo tellement idiot qu’on se demande comment il a pu survivre jusqu’à aujourd’hui dans un monde aussi hostile. Là où le Dent Tranchante du Petit Dinosaure original inspirait une terreur sans nom, les deux bad guys ne sont ici là que pour qu’on se foute de leur gueule. Triste.
Et les autres créatures un peu dangereuses que l’on est amené à voir son grossièrement dessinées et animée, n’arrangeant rien, genre « bouh regarde comment je suis dark ». On verra ainsi un plésiosaure avec des dents de T-Rex… dans une rivière, ou encore deux Pachycephalosaurus, des herbivores, avec les mêmes dents… Tout simplement ridicule.

L’aventure comporte également son lot d’incohérences monstrueuses : les enfants dinosaures disparaissent et tout le monde dans la Vallée s’en tape ?? La Grand-Mère sait où il est, que c’est super dangereux, et sa seule réaction est « j’espère qu’il va bien » ? Sérieusemeeeent ? Et je ne parlerai même pas des chansons, profondément nulles, mal chantées et sans inspiration aucune. Elles étaient mignonnes dans le 3, fun dans le 2, là c’est juste… en trop.
Je finirai simplement en mentionnant la morale de l’œuvre, subtile et intelligente dans le 1 et le 3 (y’en avait pas vraiment le 2), exubérante et lourde ici.

Bref, sur un postulat de départ sympathique, The Land Before Time IV n’est qu’une redite mal agencée, pas crédible et souvent complètement débile des épisodes précédents. Alors pourquoi 6 ? Ou 5, vu que je n’ai pas encore tranché et que ça pourra changer… D’abord car les décors sont toujours magnifiques, moins que le premier évidemment, mais ça reste une tuerie : caverne, points d’eau, gorge (profonde) ou même le Pays des Brumes itself… Tout est visuellement enchanteur pour la rétine. De plus, certains personnages sont quand même très sympathiques (la tortue), et de manière générale l’univers reste enchanteur.

Un opus qui peut donc compter sur certaines des qualités intrinsèques à la série, mais qui n’en est pas moins profondément décevant et désolant à bien des égards. En espérant que l'Île Mystérieuse, dont j’ai d’excellents souvenirs, redresse la barre…

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le 7 nov. 2013

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