Dans la filmographie d'Harold Lloyd, moins connu que "Monte là dessus", "Le petit frère" en mérite autant si ce n'est plus de reconnaissance.
Le ton est plus sérieux, mais en contrepartie, les gags y sont encore plus dingues.
Le film m'ayant touché personnellement, puisque comme Harold, j'ai été sous-estimé par rapport à mon frère aîné. On notera justement cette scène du film particulièrement déchirante où Harold et la fille qui l'aime, sont en larmes, Harold évoquant son mal-être de ne pas être aussi bien considéré que ses frères.
C’était je pense assez osé dans un film dit comique, de traiter du mal-être d’être rabaissé par son père, mais ça rend le propos tellement intemporel. « Le petit frère » a été un immense carton à sa sortie aux États-Unis en 1927 et considéré comme son meilleur film par Lloyd lui-même.
Mais en contre partie d’un drame intime, le film offre bien sur sa dose de burlesque qui consiste essentiellement à de la course-poursuite où comment Lloyd tente d’échapper consécutivement à un voisin qu’il déteste, ses frères aînés et un méchant.
Lloyd se sert de tout ce qu’il peut dans son environnement pour piéger ses adversaires… jusqu’à mette un chapeau sur un sanglier ! Ou encore réussir à baisser les branches d’un arbre pour récupérer une chemise ou en finir avec un méchant très récalcitrant en le coinçant à coup de bouées !
Mais néanmoins, le film ira sur le terrain d’une certaine violence comme dans le final où il se bat dans l’eau avec le méchant : scène totalement premier degré, sans humour.
Harold Lloyd ayant voulu tourner le meilleur film fera appel à plusieurs réalisateurs et scénaristes, même si il finira par réaliser le film tout seul.
« Le petit frère » est une perle : à la fois pour son évocation assez cru du mal-être que peut ressentir un enfant même adulte sans cesse rabaissé par sa famille et un festival de gags complètement fous.
En voyant « Safety Last » et surtout « Le petit frère », il est dommage que Lloyd soit assez oublié aujourd’hui : une énergie physique incroyable, un goût pour le gag et le vaudeville jusqu’au boutiste, des cascades saisissantes.