Produit par Hanna-Barbera Productions et Paramount Pictures, ce film, tiré du roman La Toile de Charlotte de l’américain E. B. White, reçoit une réception modérée de la part de la critique lors de sa sortie au cinéma, mais trouve tout de même son public grâce à la télévision et la vidéo. Le Petit Monde de Charlotte se distingue surtout par la participation des frères Sherman (célèbre pour leur travail pour le studio Disney) au département de la musique.
L’histoire, inspirée, met en scène un cochon mal né, sauvé par la fille d’un fermier, qui apprend la triste valeur et le sort funeste de son existence (il sera tué lorsqu'il sera suffisamment engraissé). Une amie inattendue le prend en affection et décide de l’aider. L’intrigue aborde donc des thèmes graves, comme la valeur de la vie, en présentant des animaux d’élevages dans un cadre plus réaliste de ce qui se fait d’ordinaire dans l’animation. Mais aussi des aspects plus légers, l’amitié et la persévérance... L’aventure est originale, et elle ne manque pas d’intelligence grâce à ces messages de fonds. Par ailleurs, elle présente quelques rebondissements bienvenus.
La relation entre les personnages est satisfaisante, avec une belle évolution tout au long du film. Les dialogues sont simples, mais percutants.
La musique et les chansons des frères Sherman semblent tout droit issues d’un classique Disney. Elles ne manquent ni de charmes ni d’idée, et nous permettent de ne jamais être trop ennuyés par l’action monotone de l’œuvre.
Le film déplore un manque d’intensité dramatique et d’émotion, une faiblesse regrettable tant le sujet l’exigeait. Si l’intention se ressent, le résultat, lui, n’est pas satisfaisant. On a presque l’impression que les auteurs ne se sentaient pas très concernés par le cas existentiel de Wilbur, le cochon, tant l’enjeu de l'intrigue manque d’impact. Le film manque aussi cruellement de scènes fortes, et les personnages sont inconsistants (à l'exception de Charlotte).
L’animation et l’esthétique globale de la production sont basiques, avec une absence d’identité visuelle regrettable. Les personnages humains, qu’on a déjà bien du mal à distinguer tant ils ont des définitions élémentaires, semblent parfois changer d’apparence d’une séquence à l’autre.
La doublure française est pleine de bonnes volontés, mais agaçante, notamment lors des chansons, en raison de voix haut perchée, parfois inaudible.
Enfin, le rythme est lent. Les chansons, aussi belles soient-elles, accompagnent très mal l’action. Leurs omniprésences s’avèrent un problème, et plombent complètement l’équilibre entre la poésie et l’enthousiasme procuré par le spectacle.
Le Petit Monde de Charlotte semble vouloir proposer une alternative aux productions Disney, tout en recopiant leurs schémas standardisés. Quoi qu'il en soit, le résultat n’est pas inoubliable, mais demeure relativement charmant.
Pour la petite histoire, E. B. White aurait refusé que Disney réalise un film tiré de son livre, mais il a tout de même regretté la version de Hanna-Barbera, trop chantante à son goût. À défaut de vouloir un Disney, l’auteur s’est retrouvé avec une imitation de Disney. De toute évidence, il n’a pas fait le bon choix...
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